• Après un nouveau passage par la case atelier vélo, la monture de Nico ressort avec un freinage enfin efficace et le plein de rayons. Pour la Poderosa, on choisit de ne rien faire. Son dérailleur est bien tordu, ça gratte mais si l'on s'en tient à notre prévision de parcours, il ne nous reste qu'une cordillère à grimper puis 700Km de plaine appelée "la côte".

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Nous quittons donc Cali de bon matin ce vendredi. Nous avons quelques 200Km en fond de vallée à parcourir entre 2 des 3 cordillères du pays avant de remonter vers Medellin. C'est une zone de plaine agricole fertile et l'on voit les nuages s'entasser au loin dans les montagnes.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Nous n'avons guère de choix au niveau routier et après une cinquantaine de kilomètres, nous rejoignons la Panaméricaine. Il est midi et il fait très chaud. Pas d'ombre aux alentours alors une fois n'est pas coutume, nous nous arrêtons manger dans un restaurant d'autoroute sous les ventilateurs. Nous terminerons la journée à Bugalagrande après 110Km de pédalage. Bugalagrande c'est la ville de Nestlé et l'usine immense arbore tous les logos de la marque. La ville est sympathique et la place est décorée pour Navidad qui s'approche à grand pas. A la sortie des courses, une famille avec deux enfants en bas âge quémande de l'aide. Nous revenons vers eux quelques minutes plus tard avec des pains fourrés au fromage en guise de repas du soir. En réfléchissant un peu, on se dit que décidément, on n'est pas très ville et que plutôt que de viser Medellin, on ferait peut être mieux d'aller voir directement Guatapé, son peñol et son lac. Un rapide coup d'oeil à la carte nous indique que l'on peut se sortir de la Panaméricaine dès le lendemain. C'est donc matinal et par une fraîcheur toute relative que nous nous dirigeons désormais vers Pereira qui se situe au début de la montagne. La pause du midi sera égaillée par le jeune chiot tout mignon de la boulangère.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Cet après midi, il fait encore plus chaud et lourd que la veille. Avant l'ascension vers Pereira, nous sirotons un jus de canne frais.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Dans la montée, nous nous faisons doubler par 3 cyclistes routiers. Nous les retrouvons au sommet près des stands de vendeurs d'ananas. Nous échangeons quelques mots et apprenons qu'ils font leur sortie du weekend (samedi, Cali-Pereira ~ 220Km et l'inverse le dimanche). On leur indique que nous passerons par Manizales et à leurs têtes, on comprend que ça va grimper. Sympas, ils nous offriront l'ananas que l'on savoure pour le ravito. Pereira est une grande ville et ici il y a beaucoup de pauvreté affichée. Les gens dorment à même le sol sous les ponts et je ne suis pas mécontent de ne pas aller voir la misère qui nous brise le cœur à Medellin. Dès la sortie de la ville, nous attaquons à grimper. La route est étonnante, 2 voies d'un côté de la vallée pour ceux qui descendent et 2 autres sur l'autre flanc pour nous qui montons. A un moment la route monte en colimaçon, comprenez par là que l'on repasse pile au dessus de là ou l'on était quelques centaines de mètres auparavant.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Nous sommes désormais dans la zone cafetière et nous retrouvons les paysages de montagnes verdoyantes. Au sommet, on trouve un jeune homme qui fait sa lessive dans le caniveau. Je pense d'abord à un vénézuélien mais non, c'est un colombien qui bourlingue. On profite pour bavarder un peu et partager une banane de ravitaillement. S'en suivent 400m de descente et 1000m d'ascension pour rejoindre Manizales. Cette fois, on trouve une route secondaire bien calme bordée de cafetiers.

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    L'arrivée dans la ville est plus difficile car le pourcentage se fait plus important. Enfin nous rejoignons notre "maison d'hôte" en centre ville après avoir traversée une artère principale de la ville bondée en cette période de courses de Noël. La ville est construite sur une montagne et l'arrête est l'avenue principale. A chaque intersection, une pente à 20% à gauche et à droite, on se croirait à San Francisco.

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    Notre hébergement est conforme à la description, très central, très propre et sa propriétaire... mal aimable ou plutôt, on a l'impression d'être de trop. Vérification faite en regardant les avis, tout le monde fait le même constat. Bonus d'amabilité, comme booking nous a fait un tarif promo, elle se permet de nous retirer le petit déjeuner pour compenser. Rien de bien important au vu de la quantité qu'elle proposait et nos besoins en ces temps de vélo. Nous passerons 3 jours dans la ville et profitons pour aller voir l'exposition Bodies.

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    Bodies, ce sont de véritables corps humains qui ont été transformés par une technique appelée plastoformie. Cela dure 1 an et permet de remplacer tous les liquides du corps par un composite. Les corps sont ensuite exposés pour présenter le fonctionnement de notre organisme. J'en profite pour étudier la colonne vertébrale car la mienne me fait de plus en plus souffrir. Raquel est subjuguée par la finesse et le niveau de détail. Elle aurait adoré voir ça durant ses études de kiné.

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     Le système circulatoire

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    Les guides sont des étudiants de médecine qui de temps en temps réaniment un visiteur qui ne supporte pas la vue de ces corps.

    Le lendemain, nous repartons par un itinéraire bien peu fréquenté.

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    Une route magnifique mais que je suis très heureux de parcourir maintenant qu'on a la forme et pas en début de voyage.

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    Ça ne fait que monter/descendre ! En milieu d'après midi, un gros orage nous impose 30 min d'arrêt, habrités sous un arrêt de bus avec 3 locaux affectés au débroussaillage qui nous feront la causette avec un accent bien du crû !

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    Raquel ne fouille pas un tas de crottin mais un tas d'avocats invendus.

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    Il nous faudra toute la journée pour rejoindre Salamina à 72 Kms où nous trouvons refuge dans un bel hôtel, très bon marché pour cette ville touristique.

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    A l'hôtel et au restaurant, personne ne sait nous renseigner sur ce qui nous attend. On se rend compte, que la route leur sert uniquement à aller à la grande ville. En conséquence, tout ce qui s'en éloigne leur est inconnu. Ce ne sont pas des sociétés de loisirs ouù le temps libre existe et leur permet de visiter les alentours.

    Surpris par le dénivelé de la veille, on part un peu plus tôt.

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    La route est parfois en mauvais état et il faut slalomer entre les trous. Lors d'un départ en côte sans difficulté particulière, j'entends un grand craquement. Bilan, 3 rayons cassés d'un coup... La roue frotte fort à chaque tour mais je peux continuer à rouler. Mince... Où va t'on trouver des rayons de 29" ?

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    Nous terminons avec notre première grande côte de la journée et au sommet, on croise 2 cyclos Français.

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    Eux aussi, sont passés par la Bolivie puis ont pri un avion pour redescendre du nord de la Colombie vers le sud. Ils nous annoncent que leur parcours d'hier a été un vrai chemin de croix, une route extrêmement mal pavée avec du très fort pourcentage. Ça a été très dur pour eux alors qu'ils étaient en descente. Mince... c'était notre option... Il va falloir trouver une alternative et nous profitons du wifi de l'hôtel d'Aguadas pour réfléchir. Option 1, rejoindre Sonson à 37Km mais avec une montée horrible (1700m D+ en 13Km) Option 2, rejoindre Abejorral à 65Km mais avec une montée bien plus douce (2000m en 36Km).

    On choisit l'option 2, pour préserver mon dos et mon vélo avec ses 3 rayons en moins. D'ailleurs, c'est Raquel qui fait la mule et qui se charge de transporter la grosse sacoche rouge sur son vélo.

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    On commence par 1h30 de descente avant d'atteindre le pont sur la rivière ou un banderole affiche, route fermée... Quoiiii ? 1h30 de descente et maintenant que nous sommes au pied de l'ascension, la route est fermée ???? Par chance, il y a deux locaux auprès de qui l'on se renseigne. D'après eux, ça passe. On attaque donc la piste, ravinée par la pluie et avec des cailloux.

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    Heureusement, le pourcentage n'est pas trop important (~5%). On mettra tout de même 6h à rejoindre le village de Pantanillo et 2 de plus pour Abejorral où nous arrivons à la nuit tombée.

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    L'église de Pantanillo

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    Ce soir, c'est officiel, nous sommes cuits ! Nous tomberons dans un bon bouiboui où la gérante viendra bavarder avec nous. Nous sommes contents de retrouver le goudron. La route est bien vallonnée mais avec les difficultés des jours précédents, cela nous paraît facile.

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    Nous sommes sur le parcours d'entrainement de quelques champions de vélo colombiens que l'on croisera (désolé, on ne se souvient pas de leurs noms). Enfin, nous voilà à la Ceja. Les logements coûtent chers et le nôtre n'est en plus pas terrible. Au moins, il y a un magasin de vélo qui en plus de me changer les rayons, nous donne un cours de mécanique.

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    Cette fois, c'est une étape presque plate. Nous rejoignons Guatapé.

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    En chemin, nous faisons le plein de nourriture pour le pique nique et un monsieur bien habillé vient nous parler. Il aime les écrivains français et s'intéresse à la culture européenne. En fait, c'est un témoin de Jéhovah et il insiste pour que je prenne une plaquette de présentation en français. Bon, comme il est sympa, je prends le flyer. 100m plus loin, on s'affaire à recaler notre pain dans les sacoches quand il revient. Cette fois avec 2 boissons fraiches qu'il nous offre. Rien de bien naturel dans la liste des ingrédients mais je les boirais quand même.

    Guatapé est un village connu pour ses moulures murales multicolores mais surtout pour son lac et son Peñol de 350m de haut.

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    Le lac apparaît et avec lui, le Peñol

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    C'est comme le pain de sucre de Rio de Janeiro. Village touristique et étape inévitable des voyageurs en Colombie. Nous prévoyons de rester quelques jours ici, car mon dos me fait vraiment souffrir.

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    Arrivée à Guatapé

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    Les moto-taxis chivas

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     Moulûres artisanales puis peinture

    A peine arrivons nous à notre hôtel que nous y rencontrons Lauraine et Anthony, cyclos voyageurs arrivés quelques minutes avant nous. Anthony voyage comme nous depuis plusieurs mois. Lauraine l'a rejoint au Mexique et depuis il roule vers le sud du continent. Ce sont les premières montagnes qu'ils rencontrent et nous leur conseillons d'adapter les développements aux dénivelés qu'ils vont rencontrer. On passe à l’hôpital avec Raquel et j'ai le droit à des injections de corticoïdes pour la douleur. Il va falloir rester tranquille car j'ai 3 jours de piqûres. On va donc réveillonner ici. La veille de Noël, on loue des canoës avec Lauraine et Anthony et passons une bonne partie de la journée sur l'eau. On est les seuls non motorisés. Il y a beaucoup de trafic nautique et il nous faut nous éloigner dans des bras du lac pour retrouver un peu de calme et que Raquel n'ai plus le mal de mer.

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    Le 24, nos Franco-Suisse s'en vont. Eux utilisent warmshower pour se loger et un habitant de la Ceja les a accepté pour le réveillon de Noël.

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    Pour nous, ça sera Noël avec un couple Belgo-Espagnol qui voyage en mode sac à dos. L'hôtel est vide et même le responsable a pris sa soirée non sans avoir monopolisé le four de la cuisine pour y cuisiner des spécialités vénézueliennes dont on ne verra que la couleur, dommage... Nous ne sommes pas en reste et Raquel nous prépare un super repas de réveillon avec les produits locaux. Le 25 décembre, nous grimpons tous les 4 au sommet du Peñol pour admirer la vue. C'est l'activité touristique du coin et de nombreux messages sont là pour avertir les visiteurs des dangers liés à l'ascension des 350m d'escaliers. Au sommet, on a la vue sur le lac et ses îles ainsi que sur l'ancienne île de Pablo Escobar.

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    Il est temps de reprendre la route après ces 5 jours sans vélo. Nous choisissons de contourner le lac en évitant soigneusement Medellin. Maps.me nous indique une petite route. Tout commence bien et j'en suis ravi pour mon dos.

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    Le goudron est tout neuf et ça roule comme sur un billard. Nous croiserons même 3 cyclistes en vélo de route en sens opposé. 2km plus tard, au-revoir goudron, bonjour piste.

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    Bon, du coup, la piste va bientôt se transformer en Paris-Roubaix et pour le dos, c'est plutôt mal venu. L'avantage c'est que c'est sauvage.

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     Arrivés dans le petit village de Alejandria, nous trouvons un bon petit bouiboui sur la place du village. Il nous reste encore quelques kilomètres de pavé puis de nouveau de piste jusqu'à Concepcion, joli petit village colonial.

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    Les possibilités de logements sont rares. En allant demandé dans une boutique, la gérante passe un appel à son voisin qui a un restaurant avec une chambre au dessus. Le voici qui arrive dix minutes plus tard alors que Raquel discute avec un homme en voiture. Je comprends que l'homme de la voiture nous propose lui aussi une chambre un peu à l'écart du village, dans sa ferme. Je fais quand même la visite de la chambre du restaurant qui sent fortement le poisson (on doit être au dessus des cuisines). Le tarif quand à lui n'est pas donné (60 000 pesos ~ 17.5€), près du double des autres petits villages où nous avons logé en Colombie. Plan B, nous suivons l'homme à la voiture qui a proposé 55 000 pesos à Raquel et qui s'excuse auprès du premier homme de lui voler ses clients. Nous suivons donc Christian dans sa voiture qui grimpe la montée pavée sans encombres, mais pour nous à vélo, c'est une autre paire de manches. Chez lui, nous recevons un chaleureux accueil de ses enfants et de sa belle mère. Tout le monde est à nos petits soins, on nous propose le fameux tinto (un café plus qu'allongé) et une agua de panela. La ferme est encore en travaux. Cela fait un an que Christian et sa famille retapent les bâtiments de l'ancienne usine hydro-électrique familiale pour les transformer en chambres d'hôtes. La végétation est luxuriante, le son de la rivière est apaisant et les colibris bourdonnent autour de nous. Christian nous amène visiter la cascade au bout de son terrain.

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    Le moins que l'on puisse dire, c'est que l’accueil et le cadre sont vraiment parfaits. Il est temps pour nous de rejoindre notre habitation, je sors donc les 55000 pesos convenus. Christian me dit, c'est 55 000 par personne... Voyant ma tête déconfite (on a jamais payé aussi cher de tout le voyage), il nous propose un marché. Il a besoin de publicité et en échange d'un joli message tripadvisor, on en reste à ce tarif, petit déjeuner compris. Marché conclu ! On ajoutera même son hébergement à l'application iOverlander qui nous sert de bible. Ce soir nous sommes crevés et nous manquerons de nous endormir au petit bouiboui du soir. Le lendemain, le petit déjeuner est copieux et les arepas de la belle mère sont goûteux.

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    Un dernier au-revoir à la famille et nous reprenons la route.

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    On commence par quelques kilomètres de montée, puis de la descente dans la vallée du rio Medellin. Nous cherchons à rejoindre la ville de Barbosa près de la grande route.

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    Maps.me nous indique un raccourci d'au moins 5kms. On le prend sans hésiter. Du coup, les 300m de dénivelé négatif ne sont pas perdus en 7Km mais en 1,7km sur une route pavée/cimentée à près de 20% de moyenne et par moment beaucoup plus.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Tant et tant qu'il nous faut descendre du vélo, les freins n'étant pas assez puissants pour nous retenir avec nos montures chargées.

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    Dans Barbosa, Raquel fait quelques courses pendant que je surveille les vélos près du parc. Un papi qui vivote de quelques pesos en aidant les gens à se garer vient me parler. Il baragouine anglais et m'apprend qu'il est allé aux USA de manière illégale caché dans un conteneur avec un autre gars. Le voyage a duré plus de temps que prévu et son collègue est mort de soif et de faim durant le trajet... On a pas tous eu les mêmes chances dans la vie. Nous continuons en longeant le rio Medellin. Celui ci est extrêmement contaminé et il y a plusieurs mètres d'épaisseur d'écume dans les rapides. C'en est désolant.

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    En bas du rapide, 2m de mousse.

    Nous sommes en aval de la ville du même nom et les bords de rivière ne sont (sans exagération), qu'entremélage de plastique et tissus en tous genres. Ma condition physique pose question. Vais je être en mesure de supporter une nouvelle ascension de 2500m pour rejoindre la route direction le Panama ou est il plus raisonnable de filer vers l'Est et suivre le rio Magdalena. Ce soir, on dormira dans un parador au croisement, on verra demain.

    Le lendemain, on joue la sécurité. Nous partons de très bonne heure et sans petit déjeuner. On commence par une ascension de 500m. A mi-côte, il y a un petit village nommé Santiago del Tunel. On s'y arrête sur la place pour grignoter. Nous sommes rapidement rejoints par Benjamin, le papi responsable du musée du Tunel qui nous propose un café.

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    Une guêpe locale

    Il n'en faudra pas plus pour qu'il nous parle du Tunel ferroviaire de la Quiebra, construit en 1929 pour relié Medellin à Puerto Berrio sur le fleuve Magdallena. Il permettait de faire transiter l'importe production minière et cafetière de la région Antioquia avec le reste du monde.

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    Le tunnel et la pierre tombale de son architecte

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    L'homme est passionné et nous profitons de sa bonne compagnie pour visiter le village et découvrir un peu l'histoire du pays. Osario Alejandro Lopez Restrepo qui avait imaginé ce tunnel est désormais un héros local et a même sa sépulture construite directement dans la paroi du tunnel. 

    (En espagnol)

    Il est temps pour nous de dire au-revoir, mais pas sans en dernier verre offert par notre passionné ni sans un petit récit de notre voyage pour l'édition mensuelle de la gazette du village.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Nous en terminons avec ce col pour redescendre sur Cisneros, petit ville très animée et à la circulation paralysée.

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    Transports locaux

    Il est l'heure de déjeuner et nous trouvons un bouiboui près d'un vestige de l'épopée ferroviaire, une authentique motrice à vapeur qui fait le bonheur des enfants.

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    En repartant de la ville, le trafic est entièrement congestionné. Avec les vélos, on slalome, on monte sur les trottoirs, on va à contre-sens, mais au moins en avance. La raison de l'embouteillage ? Des travaux sur un pont ou les camionneurs et automobilistes n'ont pas respecté les feux et sont désormais incapables ni d'avance ni de reculer. Ça promet une belle journée bien noire sur la route. En ce qui nous concerne, il n'y a plus personne pour nous doubler et c'est bien sympathique. Nous terminons l'étape du jour à San Jose del Nus dans un hôtel en compagnie d'une dizaine de vététistes locaux.

    Si nous avons bien calculé, aujourd'hui, nous avons la dernière vraie ascension de notre voyage. On compte pour vrai quand ça dépasse les 500m de dénivelé. Ça y est, le sommet et désormais, un immense horizon tout plat et son ciel chargé de nuages. Voici maintenant la descente pour attendre Puerto Berrio, point d'accès au plus grand fleuve de Colombie, le rio Magdalena.

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    Nous ne ne sommes plus qu'à 70m d'altitude et environ 700Km des Caraïbes. IL fait très chaud et très lourd. La ville n'est pas très attirante, on continue donc de 40Km jusqu'à Puerto Araujo. On y trouve un hôtel indiqué sur iOverlander mais les prix ont augmenté. On arrive à négocier un peu. Les gens sont même plutôt sympas et me permettent d’accéder à la laverie pour laver mes chaussures qui fleurent bon l'humidité à 40°c. Je ne comprends pas grand chose à la laverie. Il y a une vasque et un robinet et pile en dessous, un grand réservoir d'au moins 1000 litres. J'en déduis que les eaux usées de la vasque doivent s'y jeter. Etant donné l'état de mes chaussures, je peux commencer par utiliser cette eau là. Bizarre, elle me parait bien limpide cette eau... Impression confirmée par une des employées qui me dit "Estas ensuciendo toda el agua !". Ah mierrrda... C'était l'eau propre pour toute la laverie et je viens de pourrir l'intégralité avec mes chaussures infectes... J'essaie de m'excuser et repart tout penaud avec mes chaussures justes rincées.

    Nous savons que nous sommes sur la dernière section du voyage. Pas vraiment la peine de se presser, on devrait nécessiter moins d'une semaine pour arriver à destination et on a quasi un mois avant l'avion. Les paysages ne sont pas exeptionnels, on préfère la montagne, il fait aussi très chaud et nous n'envisageons plus de dormir ailleurs que dans une chambre climatisée. On a essayé cette nuit et on n'a pas pu se reposer véritablement.

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    Des migrants vénézuéliens sur la route

    Un iguane qui souhaite traverser

    Aujourd'hui petite journée (90Km mais plat) et nous nous arrêtons au milieu de nul part ou 2 hôtels se font face. L'important c'est qu'il y ai la clim. Il est 15h et on se réfugie au frais. Depuis quelques temps, on se jette sur l'agua de Panela-citron. Comprenez du sucre de canne non raffiné et du jus de citron dans de l'eau. C'est très bon marché et on s'en boit des litres. C'est là qu'on rencontre Pepito, un jeune personnage du coin, qui est fan de vélo et qui a déjà rencontré plusieurs autres cyclotouristes.

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    Pepito a rencontré une Canarienne, première femme à faire le tour du monde en cyclo solitaire. Lui aussi rêve de partir un jour sur son vélo. Le lendemain c'est la femme de ménage de l'hôtel qui tient absolument à prendre notre numéro de téléphone pour quand elle viendra chercher du travail à Madrid.

    Nous sommes le 31 décembre, nous avons roulé à peu près 20Km et il n'est pas 10h. Un cycliste nous rattrape et nous accompagne pendant une bonne demi heure. Eduardo est cycliste professionnel et a travaillé quelque temps en France. Il a aussi traversé l’Amérique du sud mais en moto. Sympa, il nous propose de venir passer le réveillon chez lui avec sa famille à Sabina del Torres. Wikipedia Eduardo_Estrada. On déclinera l'invitation car beaucoup trop tôt pour finir la journée.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    On continuera jusqu'à la ville de San Alberto ou les commerces indiquent fermer plus tôt aujourd'hui. On se dépêche donc de trouver un hôtel et d'aller se ravitailler pour fêter le changement d'année. On trouve même une bouteille de cidre sans bulle qui s'avérera particulièrement imbuvable.

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    Le bon repas de réveillon !!

    1er janvier, ça rime avec petite journée.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Pour lui, ça sera la dernière. Il était encore vivant pour la photo...

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Baignade du nouvel an

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Pique nique dans une aire de repos

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Avocat-mamouth colombien

    Petite étape de 70Km jusqu'à Aguachica et le meilleur hébergement depuis longtemps. Un routier en bord de route, c'est propre, c'est pas cher, parfait !

    Aujourd'hui, ça roule bien. Sur la route, on trouve pas mal de lézards ou iguanes mort. Puis quelque chose de plus grand... Bizarre, on aurait dit un petit caïman. La route est suffisamment fréquentée pour ne pas qu'on s'y arrête pour vérifier mais au second "caïman", j'attend Raquel et lui demande ce qu'elle pense avoir vu. Elle me confirme, un petit caïman... On ne tient pas spécialement à faire des centaines de kilomètres mais passés les 80, on s'aperçoit qu'il n'y a plus rien avant Curumani. Zut, va falloir continuer.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Pause pour le dos et l'estomac

    En chemin, à pied et en sens inverse, nous croisons une petite famille vénézuélienne. On vous laisse apprécier dans quel dénuement, ils parcourent la route en quête d'une vie meilleure.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    On videra nos sacoches pour leur offrir toute la nourriture qu'il nous reste. Ce soir, on fera les emplettes à la ville. L'hôtel s’avérera nettement moins propre et ouvert à la négociation. Nous sommes en haute saison et les chambres seront toutes remplies.

    Ce matin, les voisins sont dans la partie commune et nous voient monter les sacoches. Nous discutons un peu. La fille, 25 ans est en fauteuil roulant et atteinte d'une sclérose en plaque. Elle a les yeux qui pétillent en nous écoutant. Toutes ses choses qui lui sont désormais impossibles. Plutôt que de nous rendre triste, ça nous rempli encore plus d'énergie de le vivre pour ceux et celles qui en sont privés. Qu'est ce que ça roule bien ! Et tant mieux parce qu’on a pas été très matinal. Départ 10h, un record ;-) Du coup, à midi, quand notre ventre commence à gargouiller, nous avons parcouru une cinquantaine de kilomètres. On s'arrête dans un restaurant de bord de route. Quelques minutes plus, nous apercevons 3 jeunes cyclos touristes.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    On leur fait signe et ils nous rejoignent. Laura, Angela et Cristian sont partis de Bogota il y a 5 jours et ont pour destination Santa Marta, comme nous ! Nous échangeons les téléphones pour nous retrouver le soir. Notre restaurant du midi est trop cher pour eux et ils préfèrent aller à l'économie (eux savent trouver de meilleurs plans). Nous avons fini de manger et reprenons la route tous les 2.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    On dépanne un scooter dégonflé avec notre pompe de vélo

    Il fait une chaleur à crever et nos réserves d'eau commencent à manquer. Pire ! Ici, on ne trouve que des 50cl. Au niveau écologie, ce jour là, on ne sera pas bon. Nous arrivons à Bosconia ou nous louons la dernière chambre de l'hôtel conseillée à juste titre sur iOverlander. Il y a déjà 2 vélos de voyages garés dans le parking mais nous ne rencontrerons malheureusement pas leurs propriétaires. Ce soir, nos 3 colombiens veulent nous faire découvrir une soirée typique. Nous les suivons donc pour partager un énorme plat de salchi-papi-pollo (comprenez frites, poulet émiété et knackies), le tout accompagné d'un granité à la cerise.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Nos 3 colombiens font normalement 120 à 140Kms par jour, aussi leur souhaitons nous bon voyage pour la suite et allons nous coucher.

    A notre grande surprise, en sortant de la ville, nous retrouvons nos 3 amis, un peu retardés ce matin. Peut être est ce la fatigue accumulée des jours précédents ? D'après Christian, lui était debout à 5h, mais les filles ont perdu du temps entre la douche et les préparatifs. Quoiqu'il en soit, nous voilà désormais 5 sur la route.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    On roulera une vingtaine de km avant de s'arrêter faire leur pause petit déjeuner. Malgré tout, ils roulent plus vite et surtout ont un impératif horaire: rentrer le dimanche à Bogota. Aussi, nous séparons nous une nouvelle fois. Le parc national de Sierra Nevada s'ajoute au paysage et avec lui ses sommets enneigés comme le Pico Cristobal Colom et ses 5775M d'altitude.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    C'est magnifique!

    Raquel a repéré que sur notre route, il y avait la maison musée de Gabriel Garcia Mendez. Nous y ferons donc une halte. Nous trouvons un itinéraire bis nous permettant d'éviter la route principale. Les herbes de bord de route sont bien hautes et les animaux sauvages ont toutes les difficultés du monde à traverser. Un iguane se fera tué devant nous. Pas de traces de sang, rien, juste mort. On arrive devant le musée où 3 vélos-saccoches sont déjà garés. En fait, ce sont nos 3 colombiens qui ont décidé de s'y arrêter avant de terminer les 50Kms restants jusqu'à Santa Marta. La maison est très bien conservée et dans chaque pièce, une anecdote sur la vie de l'écrivain ou sur le pays. Nos 2 colombiennes en ont finalement assez pour aujourd'hui et Cristian se range à leur avis. Ce soir, nous dînerons encore tous les 5 ! Moi, je fais tous les magasins de la ville à la recherche de pâte de cacao 100% mais dans cette région, impossible, il y a toujours du sucre ajouté !

    Aujourd'hui est un grand jour ! Il nous reste 50Kms avant les Caraïbes ! Nous partons escortés par nos 3 jeunes colombiens qui veulent partager avec nous la dernière étape.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Ça roule vite, mais pas assez pour un groupe de cyclistes sur route nez-dans-le-guidon. Cristian les prend en chasse et discute avec. Quelques kilomètres plus loin, le groupe est arrêté près de la voiture ravito. Cristian a raconté à tout le monde notre parcours et c'est parti pour une séance de photo.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Le plus drôle, c'est que des gens qui passent par là et ignorant tout du pourquoi, demandent à être pris en photo avec nous. On se sent un peu des stars et on accepte la flatterie bien volontiers. Nous bénéficions désormais de l'assistance du véhicule ravito qui tous les quarts d'heure nous propose de l'eau. L'eau n'est pas en bouteille mais en berlingot... Comprenez qu'il faut déchiqueter un coin avec les dents et aspirer le contenu. Que de plastique... Nous passons le croisement avec Barranquilla que nous devrons rejoindre pour prendre notre avion, mais aujourd'hui la destination c'est Santa Marta et les Caraïbes ! Nos 3 locaux programment une pause à la première plage, non sans être passés acheter quelques bières.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Ca y est, les caraïbes et le sable fin !

    Et plein de monde (imaginez un 15 Aôut en méditerranée). On ne passe pas inaperçu et nos papis-mamis voisins de serviettes n'en reviennent pas de notre parcours. Nous resterons quelques heures et la nuit tombant, nous repartons vers Santa Marta.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Une dernière colline à franchir dans une circulation dense et voilà la ville. Maintenant ça va être le parcours du combattant pour trouver un logement pour 5 puis bientôt pour 6 car Lucas (un canadien voyageant en sac à dos) se joint à nous. Nos jeunes colombiens nous trouverons le logement le moins cher du voyage sous forme d'une grande pièce avec des hamacs dedans (2€/nuit/personne).

    Cali - Santa Marta (FIN)

    De tout le voyage, nous n'aurons fait que de belles rencontres et il faudra attendre Lucas pour se demander s'il n'y a pas une caméra cachée tant il est l'incarnation du mot préjugé-obtus. On vous la fait courte mais Lucas drague par Tinder depuis le Canada, de jeunes Colombiennes "fertiles" afin de constituer un foyer dans lequel, il serait comme un roi. Voici un top 3 de ses florilèges :

    - Lucas parlant avec nos jeunes colombiennes : C'est vrai que les colombiennes sont chaudes ? Si je vous paie un voyage à l'autre bout du monde, vous serez à mes pieds ?"

    - Lucas au gérant de l'ĥôtel à hamac qui partait faire de la monnaie sur son billet de 5€ : Je t'accompagne, je n'ai pas confiance, les colombiens sont tous des voleurs !

    Voilà qui fera que malgré une nuit douloureuse pour mon dos, nous serons les premiers à nous lever pour rejoindre Taganga ou nous avons réservé un hôtel pour quelques jours.

    Taganga est un ancien petit village de pêcheurs reconverti dans le tourisme.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Voici d'ailleurs un clip tourné dans la baie par le groupe originaire du lieu. Ils ont depuis percé à l'international.

    Au programme de ces jours de repos, plage, popote, sieste, plage et encore réparation des rayons de vélo.

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    4 jours plus tard, nous partons plein Est direction le parc national naturel Tayrona. En chemin, un cortège funéraire de motards mobilisant les deux voies de la route pour protester contre la mort d'un  mototaxiste. Au milieu de ce recueillement, quelques abrutis en roue arrière, sûrement pressés d'être les suivants.

    On apprend que la fréquentation du parc est limité à un certain nombre de visiteurs par jour et que la réservation est plus que recommandée. La page internet est formelle... Tout est plein. Mince, on a déjà réservé l'hôtel. Tant pis, on y va. Bonne nouvelle, la gérante nous annonce que l'entrée du Parc bénéficie de 200 places supplémentaires par jour et que si l'on y arrive avant 6h du matin, il n'y a personne et que potentiellement, on s'évitera les 20€ du ticket. On partage le bon plan avec 3 touristes américain, australien et néerlandais. Le matin, on part 5 minutes après eux et tombons sur la gardienne de l'entrée du parc. Eux, y ont échappé. Notre côté du parc est très sauvage, un peu jungle, avec des singes et beaucoup de végétation. Il y a aussi pas mal de dénivelé avant d'atteindre la plage, inexistante à cause de la mer très agitée. Nous continuons donc jusqu'au Cabo San Juan, point d'orgue de la ballade. Un cabanon a été installé sur une avancée rocheuse dans la mer et les touristes peuvent y louer un hamac pour la nuit.

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    Le paysage est magnifique digne d'une carte postale.

    Un peu plus loin, des bras d'eau coupés de la mer avec des panneaux (Attention, caïmans !).

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    Nous ferons la grande boucle de 25Kms avant de revenir à notre hébergement. Les 3 resquilleurs arriveront à la nuit tombée après avoir perdu une caméra GoPro emportée par les vagues.

    Ceux qui ont dit qu'on en avait fini avec les montées ne doivent pas être allés à Minca. C'est le parcours d'entrainement de tous les cyclistes du coin (même si on ne les voit que descendre). Minca est un joli village de la Sierra Nevada. On y vient pour trouver de la fraîcheur, l'eau limpide de ses sources, ses plantations de café ou encore pour y randonner.

    Cali - Santa Marta (FIN)

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    Nous ajouterons à cette liste, sa boulangerie française, sa boulangerie suisse ainsi que son restaurant libanais ;-) Le top des alentours a été pour nous la visite de la plantation de café écologique qui fonctionne à la force hydraulique avec les machines d'il y a 100 ans.

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Superbe d'ingéniosité d'autant que le lendemain, nous avons eu plus de 12h de coupure électrique. L'usine a du être la seule à ne pas en souffrir.

    Nous nous délectons de la descente surtout qu'on voit les autres bien galérer dans l'autre sens. Il nous reste 120 Kms jusqu'à Barranquilla dont une grande traversée de marais appelés Cienega.

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    Nous nous arrêterons avant. Petite étape de 50Kms jusqu'à un hôtel de routiers les pieds dans l'eau. On sympathisera avec une employée qui voudra faire des photos avec le géant Nico et nous avouera ne gagner que 25 000 pesos par jour (6€, soit le prix du menu pour 12h de travail).

    Le lendemain, 2 jeunes enfants (7~8 ans) du bidon ville voisin viennent nous demander de l'argent. Que nenni ! Mais on doit bien avoir quelque chose à manger. Raquel fouille ses sacoches et sort une boîte de thon et voilà nos 2 gamins en train de se chamailler pour elle...

    Nous reprenons la route nommée El Troncal del Caribe.

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    Nous passons près de villages de pêcheurs où les enfants jouent pieds nus à même les détritus. C'est très sale. En fait ce sont des bidons villes. Difficile d'imaginer les conditions de vie auxquelles ils doivent faire face.

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     3 cyclos français habitués des grands périples à vélo (Entre autre Londres-Pekin, les pays en -stan, etc..)

    Puis voilà le rio Magdalena que nous avions franchi il y a plus d'une semaine. C'est désormais un fleuve et nous le franchissons sur le tout nouveau pont Pumarejo.

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    Encore une dizaine de kilomètres dans la 4ème ville de Colombie et nous voilà chez Alberto, notre nouvel hôte. Nous avons négocié de venir chez lui une nuit, de partir 4 jours en lui laissant nos vélos et paquetages et de revenir passer 2 nuits supplémentaires avant notre avion. Alberto est très sympa. C'est un artiste très engagé dans le monde de la culture et du théâtre et il adore le carnaval qui aura lieu le mois suivant.

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    Maintenant, nous ne sommes plus cyclistes mais backpackers. Nous souhaitons visiter Cartagène et passer deux nuits sur une plage dite de carte postale. Après examen de nos affaires, nous avons deux cartouches de gaz dont une pleine que nous ne pourrons amener avec nous dans l'avion. Nous les prenons en espérant les revendre sur Cartagène. A peine arrivés, nous voyons passer 2 filles cyclotouristes.

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    On leur court derrière et entamons la conversation. Ce sont 2 argentines parties il y a 2 ans et qui entament leur voyage retour. Ce sont les reines de la débrouille, leur sacoches sont artisanales en bidon d'essence mais super fonctionnelles. On leur propose nos 2 cartouches + réchaud à un prix imbattable (5€) mais celles ci n'ont pas la somme sur elles. Une d'elle s'en va chez Western Union mais ne reviendra qu'une heure plus tard. Les taux de change sont horriblement désavantageux pour elles. La crise financière qui s'abat chez elles provoquent une telle inflation que leur argent ne vaut plus rien. On change notre fusil d'épaule. Nous avons déjà énormément reçu durant notre voyage, c'est à notre tour de donner. Elles refusent mais quand on leur explique notre point de vue et qu'elles n'auront qu'à le donner à quelqu'un à la fin de leur voyage, elles finissent par accepter. Nous sommes très contents d'avoir pu donner une vie utile à ces bouteilles et aussi de savoir que notre réchaud continue de voyager.

    Cartagène est une des villes les plus touristiques de Colombie et l'on comprend pourquoi. Son architecture coloniale contraste avec ce que l'on observe habituellement dans le pays.

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    Cali - Santa Marta (FIN)

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    Vélo à assistance pas électrique

    Je n'en reste pas moins plus attiré par le non touristique, comme le marché populaire qui renifle le poisson et ou l'on ne croise que des locaux. C'est le seul endroit où l'on peut faire de bonnes affaires dans la ville. Pour le reste, c'est gringolandia et Nico en a marre de se faire solliciter tous les 5 minutes. C'est le jeu du tourisme de masse et ça ne lui convient pas.

    Nouveau départ pour une nouvelle destination, Playa Blanca sur la Isla Baru. Le couple Belgo-Espagnol de Guatapé nous l'avait conté avec des étoiles dans les yeux. Un paradis sur terre, une cabane les pieds dans l'eau à 30c. Le bruit de la mer pour nous bercer. Vivre à l'essentiel, sans eau courante et avec l'électricité et internet quelques heures par jour. Détail important, la possibilité d'aller nager avec le plancton phosphorescent. Il y avait un petit bémol qui était le nombre de visiteurs en journée (10h à 16h). A nous, de nous faire notre propre idée maintenant !

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    On a jeté au préalable un œil aux avis des internautes. Nous choisissons donc la partie la plus éloignée de l'accès à la plage. Premier bon point car les cabanons bar, boîte de nuit se regroupent près de l'entrée. La plage est bien évidemment magnifique, pas de publicité mensongère, c'est bien hébergement les pieds dans l'eau.

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    Ce qui n'est pas indiqué dans la brochure, c'est qu'il y a plusieurs centaines de cabanons collés les uns aux autres et qu'en effet, à midi, c'est bondé de monde.

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    Les activités nautiques sont légion et il y a un nombre important de jet-ski, bouée tractée et autres bananes gonflables. On ne parlera pas des tarifs qui sont toujours bien loin de ceux de la France mais bien 5 fois plus élevés qu'ailleurs dans le pays. L'isolement ainsi que la clientèle ciblée doivent pouvoir l'expliquer. Nous passerons 2 journées sympathiques entre mer et transat.

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    Nous trouverons un couple d'hôtelier d'Oléron qui passent les 2-3 mois d'hiver au soleil. Cette année la Colombie. Ils sont dans notre payotte depuis une semaine mais ne sont pas ravis de la Colombie (trop attrape gringo). Ils préfèrent de loin le Brésil où ils envisageaient de terminer les vacances avant de regarder les prix des billets. Ce soir, on va faire la sortie nocturne. On prend une barque à moteur et on remonte dans un bras de mer. Là on coupe le moteur et tout le monde saute à l'eau dans la nuit. Les yeux s'habituent et on observe maintenant que nos mouvements font s'illuminer le plancton tout autour de nous. Une expérience magique ! Et voilà, c'est fini pour la plage !

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Bus tuning ! Jesus vs Jackie moumoute

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    Le bel iguane de l'hostal dans Barranquilla

    Maintenant il nous faut plier nos bagages pour l'avion comme à l'aller. La mission du jour, trouver deux cartons aux dimensions acceptées par la compagnie et dans lequel rentre le vélo de Nico... Nous voici donc, faisant le tour des magasins de vélos. Dans un d'entre eux, deux cartons aux dimensions parfaites. On nous demande combien l'on souhaite payer. C'est étrange, pour nous, c'est quelque chose d'hyper important car bloquant pour le retour. On propose 20 000 pesos (5€). Ils acceptent bien évidemment mais à leur tête, on comprend qu'on a fait les gringos. Ne pas oublier que la serveuse gagnait cette somme pour 12h de travail. Ne pas oublier que nous avons vu de nombreux pauvres passer leur journée à ramasser des cartons pour les revendre et certainement pas à ce prix. Nous sortons sans nos cartons en prétextant de réfléchir à leur taille. Au magasin suivant, on propose 5000 pesos qui sont là aussi acceptés. Ça fera l'affaire. Il nous faut maintenant trouver un taxi avec galerie pour nous ramener à l'hôtel (tarif du taxi 10000 pesos). Voilà pour la seule vraie difficulté du voyageur à vélo, trouver un carton pour le retour !

    Cali - Santa Marta (FIN)

    Nous sommes repartis de Colombie le 22 Janvier, soit presqu'un an après être arrivés à Punta Arenas. Un an d'un voyage inoubliable qui restera à jamais dans nos mémoires. En ce moment, on joue à, où étions-nous l'an passé à la même date.

    Et voici quelques mots de Raquel concernant cette belle expérience.


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  • Dernier dîner à Coca (Francisco de Orellana) . Cela fait déjà 3 jours que nous y sommes. Nous retournons de nouveau à notre petit restaurant de rue, spécialisé dans la cuisine de la région d'Esmeralda. L'encocado était délicieux hier, que faire? Le reprendre ou essayer autre chose ? Nico tente une parillada avec entre autre un chorizo au bbq et Raquel prendra un tilapia au bbq.
    Le matin suivant, nous partons assez tôt mais il fait déjà chaud. Nous ne sommes qu'à 300m d'altitude et toujours côté bassin amazonien. Le ministère des affaires étrangères français n'encourageant pas à passer en Colombie par le poste frontière de l'orient, il nous faut remonter la cordillère direction Quito.

    Coca - Cali

    Cela fait déjà quelques kms que nous roulons lorsque nous apercevons un cycliste devant nous. Celui ci, bien que moins chargé semble être un cyclotouriste. Nous arrivons à sa hauteur et en effet, c'est un cyclo régional. Il s'agit de Samyr, un colombien de 42 ans qui bourlingue sur son vélo. Il voyage sans le sous, avec une tente, un matelas, un poncho mais sans nourriture et sans eau. Quand il a soif ou faim, il s'arrête et demande aux gens. En échange, il leur offre une de ses créations en fil de fer aux formes diverses (vélo, croix de jésus, casse tête, etc...).

    Coca - Cali

    Samyr a troqué de l'artisanat avec un fruit-branche. On en profite aussi

    Samyr se dirige vers le Pérou et nous nous demandons bien si son vélo tiendra jusqu'à là bas. Son pneu arrière est tellement usé que la chambre à air sort comme une hernie. Il n'a pas de frein avant, ses vitesses ne fontionnent pas et sa selle ne tient pas en hauteur. Qu'importe toutes ces préoccupations matérielles d'européens, lui, ne semble pas tracassé du tout et fait son petit bonhomme de chemin. Nous roulons ensemble et l'invitons dans un bouiboui à midi. Il fait super chaud et nous buvons beaucoup. Pour finir la journée, il y a une bonne côte de 500m de dénivelé à grimper jusqu'à un spot ioverlander repéré sur le smartphone. Samyr qui doit pousser le vélo dans chaque côte fait du camion stop. Nous, fidèles à notre choix de locomotion, continuons. Sur le bord de la route, une dame vend des bananes. Nous, on veut un dollar de bananes mûres et l'on pense repartir avec une quinzaine. Que neni... Le régime entier ! Mais où va t'on mettre tout ça... Une soixantaine de bananes.

    Coca - Cali

    On en jettera une douzaine infiltrées par les insectes. Au sommet, surprise ! Samyr s'est arrêté pour passer la soirée avec nous. Nous découvrons le spot ioverlander, un restaurant qui dispose de toilettes, douches et même une paillote où poser nos tentes. La douche est drôlement appréciable, la sueur mêlée à la crème solaire, la poussière et quelques insectes nous rend crasseux. Quel luxe de pouvoir se libérer de cette sensation collante. Ce soir, on en apprend plus sur Samyr. Il a touché a pas mal de métiers manuels et n'a vraiment pas eu une vie facile. On lui troquera un tandem en fil de fer en échange du repas, histoire qu'il se sente d'égal à égal et pas en charité.

    Coca - Cali

    Le lendemain, Nico n'a pas beaucoup d'énergie. Heureusement, Samyr est bavard et comme il pousse dans les montées, le rythme est plus tranquille.

    Coca - Cali

    Cette fois, Samyr troque des coeurs de palmiers

    Au détour d'un virage, une cascade aménagée avec un bambou pour remplir les bouteilles d'eau. C'est cet endroit que Samyr choisit pour prendre une douche/lessive tout habillé.

    Coca - Cali

    À 14h et à peine 31km au compteur, Nico peine vraiment. Il y a une tienda en bord de route qui dispose d'un espace couvert où le propriétaire fait aussi de la menuiserie. Nous avons l'autorisation d'y passer l'après-midi et la nuit. À peine arrivés, le ciel devient gris et la pluie ne s'arrêtera pas de la journée. Nico va s'allonger dans la tente pour une sieste. Une heure plus tard, le premier vomi façon exorciste arrive.

    Coca - Cali

    Décidément, ça ne va pas fort. À voir demain, comment ça va... Après une nuit correcte mais quelques vomis et de nombreux passages aux wc, il faut se rendre à l'évidence, il n'est pas capable de faire du vélo. Nous partageons les bananes avec Samyr et avertissons les propriétaires des lieux que nous laissons tente, vélos et saccoches ici pour aller à l'hôpital à 1h30 de bus.

    Coca - Cali

    Nous ne savons pas si nous serons en mesure de revenir le jour même. Pas de soucis, partez tranquilles ! Nico déjeune avec des sels de rehydration qui pour une fois restent dans son corps.
    Nous avons souscrit une assurance santé monde qu'il faut contacter avant toutes démarches. Etant donné le prix d'un appel téléphonique (2€40/min), Nico achète une option 2h/50sms à 30€ en cas de besoin important. En août, malgré l'option, Nico s'est déjà mangé un 150€ d'hors forfait. Chez Sosh, une option activée à 8h40 heure locale est affichée 15h40 (heure française). Après tout, on s'en fout, qu'on compte en heure de Paris ou heure locale. Sauf que les appels passés à 8h21 (heure locale) ne sont pas traités informatiquement comme des appels passés à 15h41 heure de Paris, mais comme du 8h41 et donc... avant souscription de l'option . Donc, tout appel passé dans la plage du décalage horaire est compté hors forfait. Bref, deuxième essai et ça ne va pas louper, bug toujours actif. Cette fois ci, 31€ d'hors forfait indus. Si vous voyagez, surveillez votre facture mobile !
    L'hôpital est très propre et très bien équipé. Il y a même du wifi et la tv dans la salle d'attente. Nous n'y passons que 2h et nous avions parié sur une insolation. Il s'agit en fait d'un parasite de type amibe. Bien joué ! Le choix du chorizo parillada de rue n'était pas le bon... Bon, nous repartons avec antibiotiques et antiparasites pour 15j mais surtout interdiction à l'alcool durant cette période. La médecin parlera aussi du fromage mais bon, faut pas déconner. Journée repos à Tena, où Nico était déjà venu avec Denis il y a 3 ans. Petit tour de ville où l'on regardera les singes du parc sauter de branches en branches. Impressionnants !

    Coca - Cali

    Nous passons la nuit à Tena et ce n'est que le lendemain que nous retournons à la tienda/menuiserie.

    Coca - Cali

     Le monsieur est content de nous revoir et nous discutons un peu ensemble. Sa femme est directrice d'école, ce qu'il leur donne une situation un peu plus stable et confortable que la moyenne. Toutefois, leur localisation, ne lui permet pas de vivre de la menuiserie. Aussi a t'il choisi d'ouvrir la tienda 24/24 en somnolant dans un canapé pour laisser dormir sa femme. Nous le remercions avec un pourboire et reprenons notre route en début d'après-midi. Nous planifions une étape de convalescence.

    Coca - Cali

    Raquel démarre un herbier

    Au détour d'un virage, nous apercevons 2 cyclos saccoches qui descendent vers nous. À la place de cyclos, il s'agit d'un couple russo-tchèque équipé de trottinettes avec porte bagages. Ils sont partis un mois après nous d'Ushuaia et sont remontés jusqu'à Belén au Brésil. De là, ils ont navigué l'Amazone durant 3 semaines en cargo jusqu'au Pérou et fait notre parcours en sens inverse. L'impossibilité d'avancer correctement dans les montées les font faire du stop de temps en temps.

    Coca - Cali

    (diarios de monopatín)

    Lorsque nous les croisons, ils se dirigent vers la frontière de l'orient, celle que nous évitons.

    Encore quelques kilomètres et nous voilà à un parador-auberge pour kayakistes. En contre-bas, la cascade du río Hollín que nous ne verrons pas (2$/personne). On y fera notre pique nique pendant qu'un local viendra nous parler en louchant sur le paquet de noix. À sa façon insistante de répéter : "ça, c'est des noix, c'est bon les noix !", on comprendra qu'il en veut et on lui en offrira quelques unes. Ça y est, après quelques montées descentes, nous arrivons à notre hébergement du soir. Ah, tiens c'est bizarre, c'est tout fermé... Zut, bon, tant pis, on continue. Au hameau suivant, pas vraiment de possibilités, alors, on continue. Mince, c'est que ça grimpe sec et sur la carte, on a rien... Des gens, dans une maison au bord de la route, nous disent qu'à 1km, il y a un restaurant avec un stade de foot et des douches. Pffiiiuu, mais c'est quoi, des kilomètres ou des miles nautiques ?? Au restaurant, choux blanc, la dame est bien sympathique mais pas de toit pour monter la tente à l'abri de la pluie. Toutefois, à "2 ou 3 virages", il y a la communauté avec les installations de l'ancienne école. Encore 5kms et nous arrivons à Cocodrilo où une sympathique colombienne, nous indiquent l'école et nous propose de prendre une douche chez elle. Étant donné sa curiosité envers la monnaie européenne, nous lui offrons une pièce de 1€ qui traînait dans nos saccoches.

    Tout ce qui est fait n'est plus à faire ! Ce proverbe s'applique particulièrement bien aujourd'hui car la moitié de la montée a été faite hier. C'est drôlement étonnant de repasser de la jungle à la campagne. Au moins, on a moins chaud mais question humidité, ils sont bien servis par ici aussi. Alors qu'on se fait un break à la station service, nous croisons un bus de kayakistes à grande majorité américains. C'est un séjour organisé mais tout le monde a un bon niveau et est autonome niveau sécurité. Le guide a trouvé le bon plan, chacun engage sa propre responsabilité et lui n'apporte que la logistique et les informations sur la rivière.
    Dans les prochains kilomètres, on verra passer d'autres voitures avec kayaks sur le toit, puis on verra surtout la pluie. Il pleut tant qu'on se demande si l'on ne va pas se réfugier pour la journée au prochain village. Il est midi, on commence par la pause déjeuner dans un bouiboui (même pas peur des amibes).

    Coca - Cali

    Finalement, ça se calme et l'on avance de moitié sur l'étape du lendemain. On sera logé dans une chambre au dessus d'un restaurant. La chambre semble appartenir à quelqu'un, il y a une même une guitare. Signe qu'on est plus dans la jungle, l'eau chaude refait son apparition et ce soir c'est appréciable. Dans le bled, pas de fruits ni de légumes. On apprend qu'un camion devrait passer dans la soirée. Pour les nostalgiques, c'est comme le camion du boulanger qui faisait le tour des villages. Ben là pareil, mais avec des fruits et légumes. Enfin, pareil... Non, y a un papi qui a largement l'âge d'être 2 fois à la retraite, qui est dans la benne et qui éclairé d'une pauvre petite lampe écosse les petits pois pendant que le véhicule descend les 4000m de virages de la cordillère.
    Ce matin, c'est le déluge, on ne fera pas beaucoup de photos.

    Coca - Cali

    Nous n'avons que 18km pour monter à 3300m au village de Papallacta et ça nous suffira pour arriver gelé.

    Heureusement Papallacta c'est une station thermale et à peine descendus des vélos, nous nous jetterons dans la piscine à 35c de notre hôtel avant de déguster une belle assiette de truite.
    Après cette bonne journée de cocooning, il nous reste à terminer l'ascension de la cordillère. On a de la chance, il pleut moins.

    Coca - Cali

    Pas assez pour pouvoir se passer des kways et il nous faudra nous changer au sommet. Nous sommes à 4050m, il ne fait plus que 4c et ça souffle !

    Coca - Cali

    Dernier 4000 !! 

    Nous ne tardons pas et dévallons vers Quito. On aimerait bien ne pas entrer dans la capitale avec les vélos, mais on doit acheter une bouteille pour notre petite gazinière. À la pause déjeuner, on écarte l'idée shopping à Quito en pariant sur le fait que l'on en trouvera plus tard. C'est ainsi, qu'à chaque ferretería (magasin de bricolage), Nico saute du vélo dans l'espoir d'acquérir la dite bouteille. Choux blanc mais l'on ne baisse pas les bras. Ce soir, comme souvent en Équateur, l'orage menace. Nous trouvons refuge dans un motel où pour la première fois, on aura le privilège de bénéficier d'un kit de bienvenue complet.

    Coca - Cali

    Ohhh ! Des bonbons pour l'haleine !! 

    Aujourd'hui, nous apprenons qu'à la super ferreteria Kywi, il y aurait des bouteilles de gaz ! Génial, nous voilà en route. En chemin, nous passons dans l'hémisphère nord, tout un symbole pour nous.

    Coca - Cali

    Nous faisons les photos d'usage et rencontrons 2 cyclos. L'un est mexicain et est parti d'Alaska il y a 18 mois, l'autre est thaïlandais et est parti du Costa-Rica il y a 7 mois. C'est rigolo de se croiser à mi-terre.

    Coca - Cali

    Après une bonne demie heure de bavardage, nous repartons jusqu'à la quincaillerie Kywi où nous attend une nouvelle déception. Il y a toutefois peut-être une piste dans une boutique de sport dans le grand centre commercial de Ibarra. Bon, ben, on continue. À la pause pique nique, on se réfugie de la pluie sous un abri bus. On ne tarde pas à y être rejoint par des locaux très curieux de notre voyage. Un d'entre eux nous propose même de nous transporter dans la benne de son camion. C'est drôlement sympa, mais non merci. On voyage à vélo ;-). En longeant un lac, nous retrouvons les bateaux de Totora vues au lac Titicaca.

    Coca - Cali

    On arrivera jusqu'à Otavalo, une ville connue pour son marché d'artisans. On ne sait pas si c'est la présence d'artisans de toute sorte qui amènent autant de soins et de détails mais nous logeons dans un hôtel magnifique à prix modeste.

    Coca - Cali

    Le lendemain, nous passons par le marché, drôlement plus important le samedi. Il y a plein de belles choses, mais rien de bien transportable pour nous qui voyageons à vélo (un bateau de totora, une couverture en lama, un bonnet masque multicolore ??).

    Coca - Cali

    Coca - Cali

    Nous continuons vers le nord et passons par le fameux méga centre commercial avec sa boutique de sport. Encore raté, mais nouvelle piste dans un magasin de pêche et camping du centre ville. Cette fois ci, c'est la bonne ! Nous repartons avec 2 bouteilles, cela devrait nous durer le mois et demi qu'il nous reste avant le retour. Allez, ce n'est pas tout, mais aujourd'hui on a des kilomètres à parcourir. On commence par descendre 1000m en croisant plein de cyclistes de route.

    Coca - Cali

    On apprendra que c'est la région du vélo. À midi, il fait très chaud et on ne trouvera pas d'ombre pour pique niquer dans le petit parc de jeux où quelques enfants s'amusent dans un toboggan pas vraiment aux normes européennes. On a peur pour eux. Sur le banc d'à côté, un papa et ses deux jeunes enfants partagent une assiette de riz et quelques légumes. On hésite encore, mais on pense qu'il s'agit de migrants vénézueliens. On partagera quelques fraises avec eux. Lorsque l'on part, on les voit, eux et leur lourd paquetage se positionner au bord de la panam dans l'espoir d'être pris en stop. C'était bien des migrants.
    Au programme de l'après-midi surchauffé, 1500m d'ascension.

    Coca - Cali

    Normalement, on se débrouille pour commencer avec le difficile et terminer par plus facile. Ça ne marche pas à chaque fois, d'autant qu'au sommet, nous sommes obligés de prolonger jusqu'à la ville pour trouver un toit. Nous assistons à la première course à pied où les participants non plus, n'ont pas échappé à l'orage. À posteriori, on découvre qu'il y avait possibilité de loger chez les pompiers. Dommage !
    Ce matin, après à peine quelques kilomètres, nous sommes rejoint par Robin en vélo de route. Il travaille comme coiffeur à Quito et rentre un week-end sur deux faire du vélo. Il nous accompagnera toute la matinée et nous partagerons le pique nique avec lui.

    Coca - Cali

    Il est encore tôt cet après-midi lorsque nous arrivons à Tulcan, la ville frontière avec la Colombie.

    Coca - Cali

    Une nouvelle fois, on nous déconseille de traverser de nuit et les informations que l'on a, nous parlent de 4 à 10h pour faire les papiers.

    Coca - Cali

    Il y aurait, en effet de nombreux migrants, ce qui augmenterait considérablement le temps de transit. Tant pis, nous allons rester une dernière nuit en Équateur. La ville frontière est triste et nous avons un premier aperçu de la misère qu'endure les migrants. Un jeune père de famille sollicite notre aide pour payer de quoi faire un biberon pour son bébé. Tout est déjà prêt, il ne reste qu'à payer le petit sac de maïzena et un peu de sucre au commerçant.
    Réveil matinal, pour départ à 6h. Le passage frontière est plus rapide que prévu.

    Coca - Cali

    Il y a bien des migrants, mais pas les files d'attente annoncées. De toutes façons, côté Colombie, il y a des files spéciales pour les vénézueliens. À 8h, nous sommes en Colombie et déjà arnaqués. À la sortie de la douane, on change 50$. Ici, pas de boutique. L'échange se fait dans la rue et inattentif, Nico se retrouve avec l'équivalent de 40$. Ça fait râler parceque rien que hier soir, ces 10$ auraient été drôlement plus utiles au jeune papa. Nous choisissons un petit détour pour aller voir le sanctuaire de las Lajas sacrément joli dans ce canyon.

    Coca - Cali

    Coca - Cali

    Maps.me nous a bien fourvoyé, ce n'est pas du tout goudronné et les 16kms de descente se transforment en kilomètres de pistes boueuses.

    Dans un virage, 3 chiens courent derrière Raquel qui n'a d'autre solution que de poser le pied dans la boue avec son vélo qui y terminera aussi. Saccoches, vélo, chaussettes et sandales (oui oui, sandales et chaussettes, le look de Raquel en ce moment). Tout est à laver et nous profitons du passage près de la rivière pour faire un rapide décrassage. Le reste de la route est scénique. À flanc de montagne, nous descendons vers la vallée.

    Coca - Cali

    Nous nous arrêtons à Pedregal où d'importants travaux sur la panam se déroulent depuis plusieurs mois. Ici un viaduc, là une double voie, la circulation est même détournée d'une trentaine de kilomètres durant la nuit. Il s'agit de l'axe principal de communication vers le sud du continent. Les voyageurs forcés sont de plus en plus nombreux. La plupart sont des jeunes, souvent avec enfants en bas âge portant le minimum mais déjà trop lorsqu'on est à pied. On les voit parfois, dans la benne ou dans la remorque d'un camion, souvent à pied ou même avec la tente plantée sur le bas côté. D'où viennent ils ? Où vont ils ? Comment font ils pour survivre ?

    On aura un début de réponse le lendemain avec un voyageur colombien à pied, qui lui, comme les vénézueliens est parti au Pérou chercher une vie meilleure. Là, il remonte voir sa famille à Medellín pour les fêtes. Il n'a rien et tandis que nous partageons notre pique nique avec lui, il nous raconte son rêve. Il voudrait organiser une gros caravane nomade de recyclage, avec des concerts pour soutenir le projet. Il rêvait d'être président du pays pour créer un projet appelé "que personne ne dorme dans la rue".

    Nous terminerons la journée à Pasto, notre première vraie ville colombienne. Nous sommes mardi, mais la ville est très animée. La circulation est conforme au reste de l'Amérique du sud et les piétons ne sont pas prioritaires. Dans une rue, un gros chariot rempli de mangues. Mmmm ! Le vendeur nous fait goûter et elles sont délicieuses, bien sucrées et sans fibres. On achete deux kilos pour 1,50€. Arrivé à la maison, on se rend compte que nos mangues, elles, sont biens fibreuses. Malin ! La mangue de dégustation pour appâter le client n'est pas la même. Il nous a bien entourloupé. 

    Après une bonne nuit de repos, nous sortons de la ville, en échappant une nouvelle fois à la grève. Les forces de l'ordre sont bien présentes depuis notre arrivée en Colombie qu'ils s'agitent de militaires ou de la police nationale. L'axe principal du pays est bien sécurisé. 

    Le volcan Galeras surplombe la ville et il ne nous paraît pas si haut malgré ses 4276m. 

    Coca - Cali

    C'est parti pour 46km de descente pour 2000m de dénivelé. Au début on garde nos manteaux mais au fur et à mesure nous retirons des couches. En chemin, la vie sauvage essaie de traverser la route. Comme l'aider ? Est-ce que c'est dangereux ? Mortel ? On vous laisse juger... 

    Il fait trop chaud et on attaque la montée avec le bide plein et au pire moment de la journée. Une chaleur monstrueuse !

    Coca - Cali

    Deux bonnes heures d'ascension plus tard, nous voilà au sommet.

    Coca - Cali

    Nos réserves d'eau étant à sec, nous faisons le plein dans une tienda. En discutant, les gens nous avertissent de la présence de la dengue dans le village étape. Leur conseil, s'arrêter au premier village encore en altitude à fin d'éviter les put**ns de moustiques. 

    Les orages pètent de nouveau en fin d'après-midi mais, par chance, pas sur nos têtes. 

    Aujourd'hui, sur le papier, c'est une étape plutôt facile. On commence par 17km de descente et à part 400m d'ascension à l'arrivée, le profil affiché sur maps.me est aguicheur. Bon... Le parcours suit la vallée mais est une succession de montées descentes de 150m.

    Coca - Cali

    Nous sommes en fond de vallée et c'est la fournaise.

    Coca - Cali

    Ici, les colombiens sont typés africains et il y a un même un papi rasta qui donnera l'impression d'être en Jamaïque. De nouveau, nous croisons nos compagnons de voyage vénézueliens à l'arrière des camions ou à pied sur le bord de la route. La solidarité joue puisque le patron de la tienda voisine de notre table pique nique leur offre de l'eau. Quand à nous, nous leur donnons du pain et des fruits. 

    Nous sommes en pleine saison des mangues et le sol est jonché de fruits non ramassés. Raquel s'arrête chaque 10m pour entasser la juteuse cueillette dans sa saccoche.

    Ce soir, nous arrivons dans un village autrement plus sympathique que la première grande ville traversée. Pas de chance avec la casa de ciclistas qui exceptionnellement est fermée ce soir. On mange dans le comedor populaire de la gare bondé de monde. Nous serons les derniers à partir, peu pressés d'affronter la pluie battante.

    Le gros orage de la veille a permi de baisser la température. Aujourd'hui, on a même le droit à quelques nuages bien appréciables.

    Coca - Cali

    Dans une des deux ascencions du jour, une personne m'interpelle. Au début, je ne comprends rien à ce qu'il me demande jusqu'à ce que je réalise qu'il cherche du papier toilette. Raquel arrive et le sauve de la "cacastrophe". En fait, il fait partie d'un groupe de vénézueliens qui voyagait sur une remorque plateau mais celle ci a crevé et les infortunés voyageurs attendent ici au milieu de nul part que le camion revienne avec de quoi réparer. De nombreuses têtes sortent de part et d'autres de la route et les questions habituelles commencent. Tiens, un visage connu ! Le colombien recyclo-voyageur ! On bavardera encore quelques minutes avant de repartir.

    Coca - Cali

    Le samedi, c'est bbq party

    Cela reste une belle journée physique et l'on sera content d'arriver à Popayan, la ville blanche où l'on a prévu de rester 2 nuits.

    Coca - Cali

    En plus de la visite de la ville, on en profite pour faire réparer la roue arrière de Raquel qui a un rayon pété. Le mécano, un peu brusque lors du test arrive à casser l'indexeur de changement de plateaux. S'en suit une bonne heure de recherche de solution car la pièce qui en Europe est qualifiée de moyenne gamme est ici classée au top du top et donc, introuvable. Le mécano nous vendra son propre indexeur démonté de son vélo.
    Le profil de la route s'assagit, nous sommes dans une région cafetière et tout est très vert.

    Coca - Cali

    À midi, nous pique niquons sur la place du village entourés des marchands de glace et d'une petite mami vendant des mangues (les mêmes qu'au bord de route). À tout hasard, je demande le prix... 10 mangues pour 2000 pesos (50 cents d'euro). Bingo! Je sais pas où l'on va les mettre mais j'achète et elle m'en donne une de plus en cadeau. Après en avoir mangé quelques unes, histoire de faire de la place, nous reprenons la route. Dans une montée, j'entends le vélo de Raquel faire du bruit. Son dérailleur est tellement tordu qu'il touche les rayons... On trouve un petit atelier cyclo sur la route qui nous dépannera tant bien que mal.

    Coca - Cali

    Si déjà c'est difficile de trouver les indexeurs, je vous laisse imaginer pour un dérailleur arrière. Le soleil baisse, il va être temps de s'arrêter. Heureusement, nous arrivons près de Santander de Quilichao. La ville est pleine de gens. Serait ce le jour du marché ? C'est bien plus sale que les villes traversées jusqu'ici, d'ailleurs ça nous rappelle le Pérou. Enfin, sauf que l'ambiance est étrange, plutôt malsaine je dirais. Sensation confirmée devant notre logement où un groupe de jeunes démunis en simple short se rassemble pour fumer ce que l'on pense être des pipes de crack. Bon.... Ben, on va aller faire les courses avant la nuit. La dame de l'hôtel nous dira que, non, il n'y a pas de danger et que c'est une petite ville de campagne tranquille.
    On décide de se fier à notre jugement et l'on ne sortira que tôt le lendemain pour une petite étape jusqu'à Cali.

    Coca - Cali

    Una chiva (le bus local) 

    On longe les champs de cannes à sucre et l'on découvre les "trains de canne" sur la route. En fait, un tracteur et pas moins de 5 remorques et son panneau véhicule extra long.

    Coca - Cali

    L'arrivée dans Cali est un peu chaotique en raison de travaux. Heureusement, il y a des voies cyclables mais malheureusement utilisées par les motos et par les voitures qui pensent que c'est un parking... Notre hostal "el patio", se situe dans le quartier de San Agustin. Nous y restons 2 nuits, le temps de profiter de l'effervescence de Noël et de la superbe fête des lumières locale qui ici dure 1 mois.

    Coca - Cali

    Coca - Cali

    Coca - Cali

     


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  • Après avoir fait route vers le sud jusqu'à Pucallpa, nous sommes revenus en Équateur après 8j de bateau sur l'Amazone. Nous avons grimpé une dernière fois les 4000m de la cordillère et demain, nous passons dans l'hémisphère nord. 

    Quito le 28 novembre 2019

     


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  • La pluie froide d'il y a 2 jours, nous a décidé à rester du côté amazonien. Notre plan est donc de continuer sur la PE-5N jusqu'à Pucallpa, d'y prendre un bateau-cargo jusqu'à Iquitos et de là, un (ou plusieurs) autre jusqu'en Équateur.
    La route ne devrait plus présenter de grosses difficultés en termes de dénivelé, reste à savoir comment on va supporter le très chaud et le très humide.
    On s'élance donc pour peut être notre dernière ascension du Pérou avec un ciel bien menaçant qui se charge derrière nous. Il nous laissera toutefois tranquilles durant les 3h de montée.

    Pedro Ruiz - Coca

    Au sommet, on trouve un petit village près d'une laguna où un bon nombre de boutiques affichent fièrement "queso suizo/fromage suisse". Nico en achète un bon morceau en prévision du pique-nique.
    Nous repartons pour une belle descente et l'on se prend quelques gouttes. On se méfie et on met les k-ways. Ici, ce sont des orages en tout ou rien. On voit le rideau de pluie s'avancer, faire disparaître la montagne derrière un voile blanc mais par chance, on y échappe.
    Au village, on voit une boutique avec quelques papayes bien mûres. Je demande le prix, la dame m'amène la papaye mais refuse notre argent. Déjà qu'ils ne gagnent pas grand chose, si en plus ça devient gratuit... La dame nous indique la "cancha de fútbol" pour pique-niquer ailleurs qu'en bord de route. Comme le ciel menace toujours, on choisit d'aller se mettre dans les gradins. Hummmm, miam ! Ça y est, le fromage suisse ! Alors ? Quel goût il a ? Agent de texture... Comme les autres....
    On sauve nos sandwichs grâce à l'avocat et au thon. Les gradins s'avèrent un très bon choix, qui nous évite une bonne saucée et nous permet même une sieste !
    Cela fait 15min que l'orage est passé et déjà la route est sèche. Pas pour longtemps et nous non plus. On se prend une bonne douche le temps de trouver refuge près d'une église.

    Encore quelques kilomètres et nous voilà au sommet. Normalement, on devrait trouver des spots ioverlander ou de quoi se loger à l'abri de la pluie. Le premier spot semble abandonné, il est encore tôt, on continue d'autant que ça descend pendant encore 40kms. Le second spot n'en est pas un et le troisième censé être un centre d'interprétation est un centre militaire avec des travaux conséquents sur la route. On devra traverser une mare.

    Pedro Ruiz - Coca

    Cela nous amuse beaucoup mais moins les ouvriers qui aimeraient bien qu'on traverse plus vite. Bon, ben... On descend tout et on verra bien. C'est à la nuit quasi tombée que nous arrivons à Aguas Claras où il n'y a pas d'hébergement. Raquel demande à un couple de papi/mami qui lui propose un des logements qu'il loue au mois. On donnera ce qu'on l'on veut.
    Bon, c'est pas terrible et l'on ne parle pas uniquement du confort. Le monsieur nous montre le lit à ressort et nous demande si l'on veut un matelas. Ce ne sera pas la peine, on va monter la tente dans la pièce. La sale de bain (c'est exprès la faute) nous permet toutefois de nous décrasser et c'est avec un toit, tout ce dont nous avions besoin.
    Réveil et départ matinal après avoir donné 10 soles (la moitié d'un hostal) à la dame qui viendra faire un état des lieux afin de voir si on ne s'en va pas avec les casseroles (oui, c'était un studio meublé avec chiottes bouchés).
    Aujourd'hui il fait chaud mais c'est supportable. Le ciel se charge et l'on voit bien que l'on se dirige vers le noir.

    Pedro Ruiz - Coca

    Comme hier, on a fait une grosse étape, nous voilà déjà à Moyobamba en milieu d'après midi. On se trouve un joli-mignon-propre petit hostal pour compenser la nuit précédente. On va profiter d'être à la ville pour tenter de trouver des chambres à air pour Nico. Les siennes sont déjà patchées 5 ou 6 fois.
    Rien... Tant pis, ça attendra Tarapoto dans 2 jours.
    De nouveau départ matinal car à priori il pleut plus souvent l'après midi. Et c'est vrai ! 12h01, une grosse averse démarre. Heureusement, nous sommes en train de passer près de maisons et les habitants nous invitent spontanément à nous mettre à l'abri. Nous en profitons pour y pique-niquer. Avant de partir, ils nous offrent des chips de bananes. Miam !
    C'est après midi, on joue au chat et à la souris avec les nuages menaçants.

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    On se refugiera sous un abri de feuilles de palmier avec les motos et motos-taxis.

    Pedro Ruiz - Coca

    Finalement, nous arrivons à Tarapoto où nous choisissons de loger dans un backpackers hostal noté 9,8. Waouh, on va être comme des rois ! Purée, mais qui fait les notations... À part la gentillesse du gérant, les autres critères ne valent pas tripette. Propreté ? (mieux que chez les papi/mami chiottes bouchés), équipement (minimum) et douche privative (inutilisable car bouchée). Pas de chance pour nous, cette nuit va être une fournaise. Nico, dort nu comme un ver et les gouttes de sueur lui coulent de partout. Raquel (en maman poule) passera une partie de la nuit à le ventiler à la main de peur qu'il fasse une hyperthermie. Un ventilateur n'aurait pas été de trop.
    Tarapoto n'est plus située qu'à 300m d'altitude et ça se ressent. On ne voulait pas de froid, on est gaté ! Les 2 premières heures ça va encore, mais ensuite on transpire tellement qu'il est inutile d'essayer de remettre de la crème solaire. À ne pas oublier au petit matin !
    On profite d'être dans une vraie grande ville et cette fois, on trouve des chambres à air 29 pouces valve Presta! Génial, car on va vite en avoir besoin.
    On voit beaucoup de serpents écrasés, de toutes les couleurs et toutes les tailles. On vient d'en passer un noir avec rayures oranges quand nous arrivons sur un chantier. En discutant avec eux, on apprend que c'est un dangereux. C'est étonnant, chez nous, couleuvre = pas dangereux et vipère = dangereux. Ici, les serpents, on les appelle culebra mais c'est le terme générique.
    A midi, on ne sait pas dire quelle est la température à cause du degré d'humidité, mais on bouille. Malgré les gouttes que l'on peut voir sortir de notre peau, le soleil nous brûle. On cherche l'ombre et l'on finit dans un bouiboui avec le menu, une bière et une glace. Cette expérience nous apprend que par grosse cagne, il vaut mieux garder la bière pour le soir. Difficile de repartir sur la digestion et Raquel demi bourrée !

    Pedro Ruiz - Coca

    Papayes

    Pedro Ruiz - Coca

    Mangues

    Pourtant, nous finirons l'étape de la journée 53km plus loin, à Bellavista, avec une montée à la fin qui se fait bien sentir. Une nouvelle fois, la fête se termine avant notre arrivée où les gens finissent de plier leurs stands. Le soir, on gouttera une des spécialités du coin, le poisson grillé à la feuille de banane.
    Le gérant de l'hôtel nous confirme un raccourci de 12km. C'est roulant et ça passe en voiture.
    On devrait aussi trouver beaucoup d'oranges.
    Le raccourci est une piste de terre et parfois de pierre.

    Pedro Ruiz - Coca

    Raquel y prendra un gadin, heureusement sans gravité. Dans un hameau perdu ici, une mami nous fait visiter son jardin et nous offre des oranges directement ceuillies de l'arbre.

    Pedro Ruiz - Coca

    Mamita naranjas

    Nous ne sommes pas mécontents de retrouver l'asphalte et au passage de boire un jus d'orange bien frais vendu en bord de route.
    Quelques kilomètres plus loin, en plein soleil, Nico s'arrête, roue arrière crevée. Au milieu de la jungle, les endroits où s'arrêter pour faire la réparation d'une crevaison sont bien limités. Raquel a le même soucis pour faire pipi. Cette fois ci et comme la veille, ça ne sera pas réparable, la crevaison est sur la valve. C'est bizarre, 2 fois à midi quand il fait le plus chaud et sur la valve... En regardant un peu mieux, le fond de jante ne protège pas entièrement la valve. On bricole avec des bouts de vieille chambre à air une protection car on ne peut plus se permettre de crever sans que ça soit réparable. Il ne reste qu'une 29 pouces d'avance et près de 600km avant Pucallpa.

    À midi, dans un petit village au milieu de cette immensité verdoyante, on fait quelques courses pour notre pique-nique.

    La première chose que l'on achete, c'est de l'eau. Elle nous coûte plus chèr que l'inka kola, une sorte de coca cola locale, mais, vu la couleur de la rivière, on n'a pas trop le choix. On finit de manger au même temps que la sortie de l'école. En quelques minutes, on est entouré par une quinzaine d'écoliers, très curieux de notre apparition dans leur village. Êtes vous Vénézuéliens ? Vous allez faire un spectacle ? Vous vendez des choses ? Vous venez d'où ? Êtes vous mariés ? 

    Pedro Ruiz - Coca

     

    Dans le village comme partout sur cette route, les gens font fermenter/sécher les fèves de cacao. Ça sent fort mais ouvre l'appétit. Tout ce cacao et pas de chocolat à vendre. 

    Pedro Ruiz - Coca

    Encore une nuit sous une chaleur terrible. Dans la chambre de l'hostal, pas de ventilateur et nous n'arrivons pas à dormir. On n'ose pas se retourner dans le lit pour peur de transpirer encore plus. On sortira plusieurs fois dans la nuit pour prendre une douche froide (>25c) et essayer de se refroidir. Ici, pas peur de réveiller le voisin de chambre. Musique, appels téléphoniques, télé, fermetures des portes, font partie des bruits courants et acceptables, même à 1h30 du matin. Les claxons et les moteurs sont inclus, of course!

    Deux jours de grosse cagne, et voilà, ce matin, à peine parti, on se prend déjà la flotte. Un voile de forte pluie, bien connue dans cette région amazonienne, qui n'a pas cessé pendant plus de deux heures. Dans la montée, être trempé jusqu'à la culotte est supportable. On peut dire presque agréable après sentir que l'on fondait comme du chocolat sous les rayons du soleil les jours précédents. Par contre, trempés en descente est moins rigolo et le moral de Raquel est gris comme les nuages qui nous accompagnent. Trempée comme une soupe, elle veut même s'arrêter à 10h pour le reste de la journée. Heureusement, la pluie s'arrêtera et plus vite que prévu, on aura nos habits de nouveau secs. 

    Maintenant, on constate pourquoi cette forêt est si impressionnante, résultat de ce climat chaud et à la fois très humide. Depuis quelques jours, on ne voit que du vert dans tous ces tonalités, parfois quelques pincées de jaune, mauve ou rouge viennent embellir encore plus ce poumon de la terre. Le cours de la rivière a augmenté et cette terre très argileuse lui donne une couleur parfois rougeâtre.

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    Le ciel est très beau et les nuages de barbe à papa nous font retomber en enfance comme lorsque l'on cherchait les moutons ou les éléphants. 

    Pour finir de remonter le moral de ma belle, je l'invite au bouiboui du coin. Ce midi, au menu, 2 noms inconnus. On prend pour goûter. Tiens, c'est bizarre, j'ai un bout de sorte de carapace dans mon assiette. Raquel, elle, son plat est un peu plus normal mais on a quand même eu droit aux pattes de poule dans la soupe (E.T téléphone maison). Du coup, à la fin du repas, on interroge la cuisinière et en fait, on a mangé de l'armadillo et du tapir....

    Pedro Ruiz - Coca

    La digestion se passera bien, mais on pensera souvent à la pauvre bête qu'on avait été tant content de découvrir au parc Pumalin sur la carretera austral.

    Avec toute cette pluie, les vélos ont besoin d'un nouveau décrassage et c'est à Pizana qu'un laveur de mototaxis nous prête son karsher. 

    Après une nouvelle nuit dans un hostal pas génial, nous reprenons la route sous la pluie. Cette fois, c'est Nico qui n'a pas le moral. Pourtant, on s'est prévu une toute petite étape de 40km jusqu'à Tocache. Mais bon, c'est tout vert, le décor ne change pas, il pleut, on baigne dans notre jus, ça m'irrite la peau et j'ai du mal à rester sur la selle du vélo et.... Tout à coup, plus de ralage, Nico ralenti et me fait signe qu'il va traverser la route direction... La chocolaterie artisanale de Tocache ! Et voilà, le dicton est vérifié : quand ça va pas, prends du chocolat ! 

    Pedro Ruiz - Coca

    On y restera 1h. Oui, car comme on a demandé de la pâte de cacao 100%, la dame nous le prépare devant nous. Ça sent bon ! 

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    La chocolaterie est une des seules de la région et  certainement la seule en biologique. La majorité du cacao part à l'exportation. En magasin (quand on en trouve), le chocolat en tablette coûte  3 à 4 fois plus cher qu'en France. À l'usine, ça reste le double mais on s'en sortira avec 1kg de pâte brute à 5e.

    Ici, comme ailleurs, on a peur des migrants et ici ce sont les Vénézuéliens ou les descortizadores éventreurs (selon la dame qui fait référence à un fait divers). D'ailleurs, les gens nous prennent régulièrement pour des migrants et leur attitude n'est pas la même. Purée de médias, on te nourrie de fait divers et te voilà xénophobe. Ici, non plus, ce ne sont pas les bonnes nouvelles qui font l'audimat et les chaînes tv en sont des caricatures. Ici, pas de faux semblant concernant l'impartialité de la nouvelle, même la journaliste du 20h donne son avis. Exemple concernant la mobilisation contre le méga projet minier à Arequipa : quoi? Mais qui peut se permettre de refuser la création de tant d'emploi et tout l'argent qui va ruisseler. (je ne sais pas, tout être vivant qui ne digère pas bien les métaux lourds).

    Après un dernier chocolat au café offert en attendant la fin de la pluie, nous atteignons la ville où cette fois, nous trouvons un bon logement. Pour changer de l'éternel menu du jour, nous cuisinerons nous même (tortilla, légumes sautés et brocolis). Évidemment au marché, on achète aussi maracuyas et mangues pour notre dessert. 

    Aujourd'hui, les paysages changent un peu, les bords de route aussi.

    Pedro Ruiz - Coca

    On découvre ainsi une station essence de la jungle et les mototaxis transport scolaire.

    Pedro Ruiz - Coca

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    A midi, on ouvre la saccoche de guidon pour vérifier si les 2 oeufs transportés sans boîte ont survécu au passage des zones de travaux. Oui, génial ! Bon, ils ne survivront pas au pique-nique et termineront au plat. 

    Pedro Ruiz - Coca

    L'aguaje, un fruit de la jungle

    Dans un hameau, une dame se met à faire des bonds et à sauter sur la route alors qu'un camion passe. À ses cris, l'on comprend qu'elle vient de voir un serpent. Aussitôt, 3 autres personnes sortent armées de machette à sa rescousse. S'en suivra une séance de lapidation à l'aveugle dans le fossé où le serpent est censé se trouver. On n'en verra pas le bout de la queue. 

    En parlant de machettes, on croise ou on double de nombreux piétons marchant en botte et machette. Nous, on lève la main pour les saluer, eux, la machette... Ça ne fait pas rire Raquel qui se rappelle le film Sleepy Hallow (le cavalier sans tête). 

    Faute de trouver un logement, nous parcourons 120km jusqu'à Aucayacu. C'est incroyable comment lorsqu'il ne pleut pas, ça fait moins mal aux fesses. Peut être aussi car le talc reste en place ? Ah oui, y a plusieurs remèdes en test, vaseline quand il pleut et talc sinon. Mais vu l'état de nos fesses, aucun n'est miraculeux. 

    On saute de nos lits chaque matin au levé du soleil. Avec la chaleur, la grasse matinée ne nous ne fait pas rêver.

    Pedro Ruiz - Coca

    Aujourd'hui, au programme, on franchira la dernière côte du Pérou. Malgré le profil assez plat de cette région du pays, nous avons dû traverser une chaîne de montagnes appelée la Cordillera Azul (la cordillère bleue).

    Pedro Ruiz - Coca

    Qu'elle est mimi, qu'elle est mimi, la mygale ! 

    Pedro Ruiz - Coca

    Chenille urticante ? 

    Une première section en travaux sur la route nous oblige à nous arrêter assez souvent car les agents bloquent la circulation pour permettre l'accès aux pelleteuses.

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    Les mototaxis, camions, minivans de transports et nous inclus, faisons la queue sagement. Au signal du "Go", les moteurs se mettent en route et tout le monde se dépêche pour récupérer les minutes d'attente. Pour nous, c'est des moments de stress car, en essayant de nous doubler sur cette piste parfois caillouteuse parfois en terre ou les deux, ils nous font perdre l'équilibre ou nous poussent vers le bord à coup de claxon. Mais le pire reste quand nous sommes les seuls (car derniers) face au flux désormais inversé. Eux se pensent seuls et vont jusqu'à doubler celui qui double déjà. Nous voilà face à 3 véhicules prenant toute la largeur de la piste.

    Un jus d'oranges pressées et un gros dindon nous attendent au sommet. Bizarrement, le dindon imposant menace Raquel en s'approchant d'elle toutes plumes déployées. Le vendeur nous signale que l'animal n'aime pas du tout les filles. Nico prévient le dindon que Noël n'est plus si loin et qu'il aurait tout intérêt à rester sage. Comme le dindon ne comprend pas bien l'accent de Nico, celui ci lève les bras et décidément, un humain de 2m50, ça fait peur. Le dindon bat en retraite.
    La descente sinueuse est très belle, parsemée de petites chutes d'eau et de cascades plus imposantes comme le voile de la mariée ou la douche du diable.

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    Dommage pour nos vélos qui ont pris à nouveau la boue. Arrivés à Aguaytia, petit rinçage bien mérité de nos montures. On les soigne de plus en plus car elles nous ont amené bien loin et sans trop se plaindre, en tout cas, beaucoup moins que leurs cavaliers.
    La fatigue depuis le départ de Chone, il y a plus d'un mois commence à se faire sentir. Heureusement, il nous reste qu'une étape et demie avant d'arriver au port où l'on prendra le bateau vers Iquitos, la plus grande ville au monde où l'on ne peut accéder que par voie maritime ou aérienne.
    On décide de prolonger l'étape d'aujourd'hui à fin de pouvoir arriver le plus tôt possible au port le lendemain. Toute l'information dans les blogs sur le départ du bateau cargo pour Iquitos nous confirme que c'est très aléatoire. Tant que le bateau n'est pas chargé à bloc, il ne partira pas.
    Les températures depuis hier s'adoucisent, par contre, les orages sont toujours menaçants. Et c'est sous un ciel gris devenant noir et des éclairs de plus en plus proches que l'on pédale à tout vitesse pour échapper à ce que l'on connaît bien désormais.

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    Trois kilomètres avant d'arriver à Neshuya, de grosses gouttes d'eau commencent à tomber et l'inévitable arrive. En trois minutes, on dégouline à l'intérieur et à l'extérieur. Oooh ! Mer....credi ! On était si proche !

    Pedro Ruiz - Coca

    La technique de la bâche pare-brise 

    On cherche rapidement un logement où passer la nuit, mais tout est complet. Finalement, la propriétaire d'un petit hostal nous accueille. En rentrant dans la chambre, un odeur mélange d'humidité et d'urine nous parvient aux narines... Les conditions d'hygiène ne correspondent pas aux mêmes standards mais à ce point du voyage, on commence à être bien habitué. On s'installe, cela signifie monter toutes nos sacoches à l'étage (le premier quand on a la chance) et essayer tant bien que mal de poser une ligne où faire sécher nos habits.

    Pedro Ruiz - Coca

    Après la douche, on s'allonge sur le lit pour se reposer avant d'aller remplir nos ventres vides. En se levant quelques minutes plus tard, le pantalon de Raquel est mouillé... Raquel touche le drap qui est bien humide, ensuite elle sent le matelas et le même odeur revient... Oooh ! Berk ! Impossible que soit notre transpiration... mais si ce n'est pas la notre, c'est quoi ?! On préfère ne pas y trop réfléchir et on demandera changer de dortoir.
    Le lendemain, petite étape de 60km pour atteindre la ville de Pucallpa. Enfin, on y est!! Youpi ! On se dirige directement au port, c'est 11h30 et un bateau est "prêt" à partir. Il s'agit d'un bateau Henry, la compagnie de cargos qui apprivisionne les petits villages en bord de rivière sur le chemin jusqu'à la ville d'Iquitos. Le port, si l'on peut l'appeler comme ça, est en pleine effervescense. Ici, pas de quai, un terrain en pente et les bateaux qui viennent s'y échouer. Les hommes font en travail de fourmis, des allés et retours se succèdent, chargés jusqu'à 120kg à l'aide d'une sangle autour de la tête.

    Pedro Ruiz - Coca

    Nous nous dirigeons vers le bateau escortés par deux vendeurs d'hamacs. Une petite rampe en bois permet l'accès à l'embarcation. Pas évident de traverser avec nos velos chargés.

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    On achètera les billets avec un surcoût pour les vélos et les saccoches en plus des hamacs car dans ce bateau il n'y a pas de cabines. Malgré une petite négociation pour baisser les prix de nos hamacs, ils nous ont déjà coûté le prix gringo.
    Normalement, le départ est à 16h, temps suffisant pour aller faire quelques courses et déjeuner. À notre retour, beaucoup de passagers sont déjà installés et nous essayons de trouver une place pour pendre nos lits, tout un art.
    On choisit le couloir qui donne sur l'extérieur. C'est dans le passage du vent mais comme ça, on peut espérer ne pas avoir trop chaud.

    Pedro Ruiz - Coca

     

    La nuit tombe et nous sommes toujours à quai. Raquel entend l'annonce du capitaine qui nous informe d'un départ pour le lendemain à 5h... Aille caramba ! Ça commence comme dans les blogs. En discutant avec d'autres passagers, nous apprenons que certains sont là depuis vendredi alors que nous sommes lundi soir. La "croisière" dure 3 jours et demi et comme l'indique le "petit futé", dans des conditions spartiates. C'est ce qu'on voulait voir, la vraie vie des gens. Ce trajet nous coûte au total 60e pour les 2, repas compris. Il y a bien sûr possibilité d'aller plus vite avec d'autres compagnies mais de ce qu'on comprend, le départ n'est que le vendredi. Alors, à tester une expérience de vie au fil de l'eau, autant tester le bateau lent sur cette section Pucallpa-Iquitos, qui ne prend que 3 jours et demi, contre 8 sur la section Iquitos-Coca.

    Pedro Ruiz - Coca

    Mince, j'ai pas rendu la clé de l'hostal... 

    La vie à bord est rythmée par les repas. Au son de la casserole, les gens se lèvent pour faire la queue avec leurs gamelles jusqu'à la cuisine, local qui sert d'abattoir et de cuisine.

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    La cuisine qui fait aussi abattoir 

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    Chacun fait la queue avec sa gamelle

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    Depuis nos hamacs, nous pouvons voir les poules qui ignorent tout de leur sort. Une fois par jour, le cuisto descend choisir une demie douzaine d'heureuses gagnantes qui termineront en soupe ou en accompagnement du riz.

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    Après manger, chacun lave son plat au petit évier près de nous. L'eau, comme toute celle du bateau, provient directement de la rivière. On peut voir les gens se gargariser ou les entendre se racler la gorge avec cette eau. Ici, être sans gêne, c'est à un autre niveau. Même notre voisin qui crache régulièrement au sol ne choque personne. Hier, il a écrasé une blatte et l'a poussé chez la voisine. Ou le jeune qui fait exploser ses boutons du visage devant le miroir qui est dans le couloir n'est pas plus gêné que ça.
    Les toilettes sont très basiques mais fonctionnels. Le robinet qui fait office de douche est placé pas très loin, sur le wc. C'est plus prudent de tirer la chasse d'eau avant de prendre une douche si tu ne vais pas être éclaboussé avec l'eau du wc.

    Pedro Ruiz - Coca

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    Les gens écoutent chacun leur musique sans se soucier de savoir si les voisins dorment ou non. C'est culturel. En revanche, niveau cohabitation, on a des leçons à prendre. Les gens ont vécu minimum 3 jours et demi, collés les uns aux autres et toujours dans une atmosphère paisible, libre de toute tension. Aucun souci d'insécurité. Nous avons laissé nos affaires sous nos hamacs dès le premier jour lorsque nous sommes sortis du bateau durant 2h. Les gens respectent la file d'attente, sont d'une patience incroyable. Je vous laisse imaginer la scène en Europe si vous montez sur le bateau le vendredi et ne partez que le mardi matin. Et ce, bien sûr, avec les repas inclus uniquement les jours de navigation.
    À chaque arrêt (et il y en a), des vendeuses montent à bord quelque soit l'heure en hurlant "hay pescado frito, hay panes, gazeosas, papaya, keke". Aussitôt, les gens se lèvent et font le plein de provision pour le voyage.

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    Certains passagers montent ou descendent vers des villages non desservis par le bateau. L'annexe devient alors bateau-taxi pour les déposer sur la terre ferme.

    À ceux qui croyaient comme nous que l'Amazone est une terre hostile, quasi inhabitée ou seulement de peuplades armées d'arcs et de flèches, vous pouvez vous mettre à jour.

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

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    Pedro Ruiz - Coca

    Il y a pléthore de communautés, hameaux, villages, villes avec aéroports autour de ce fleuve Ucayali, qui avec le Napo et le Marañón vont former l'Amazone. Les communautés s'installent et nomment leur village (Bretaña, Nuevo Polo Sur, Islandia, Nuevo Israël, etc...).

    Pedro Ruiz - Coca

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    Station essence flottante 

    Les journées se succèdent au rythme des heures de repas, 6h petit déjeuner, 11h30 déjeuner et 16h30 dîner. Au milieu, tout est possible et on dirait que les péruviens mangent de tout et à n'importe quel moment. La nourriture est simple mais c'est copieux. Soupe de poulet le matin, un combo riz-pattes-pois cassés accompagné du poulet à midi et riz au poulet le soir. Ce n'est pas très varié mais, heureusement, on ne souffre pas de constipation. Les courses faites à Pucallpa, plus ce qu'on peut acheter sur le bateau, servent à agrémenter nos assiettes.

    On va finir par grossir à force de manger et faire la sieste après chaque repas.

    Pedro Ruiz - Coca

    Parfois, les hommes jouent aux cartes tandis que les femmes s'occupent des petits ou font la causette. L'activité principale reste la sieste.

    Pedro Ruiz - Coca

    Les enfants s'amusent entre eux sous la surveillance des parents, grand-parents ou les frères aînés et en plus ils sont très sages.
    Nous sommes les seuls européens, excepté un jeune originaire de République Tchèque accompagné de sa copine colombienne.
    Les gens sont curieux de notre voyage, de notre vie... et les enfants aussi. Souvent, ils tournent autour de nos hamacs, comme Claudia, la jeune copine de Raquel qui, du haut de ses dix ans, a vendu tous les portions de gâteau fait par sa mamie.
    S'il y a bien une chose qui nous choque, c'est la complète insouciance environnementale. Nous ne parlons évidemment pas de tri selectif mais au moins de ne pas jeter à la rivière. Pourtant nous avons des poubelles sur le bateau, mais du personnel jusqu'aux passagers, nous verront bouteilles plastiques, assiettes en polystyrène, sacs de chips, emballages en tout genre, couches de bébé, mégots, cannettes, terminer dans l'artère de la vie en Amazonie. Tous y pêchent, tous la boivent, mais aussi tous la contaminent sans la moindre étincelle de conscience. Inutile de dire que si le ramassage des ordures est déjà compliqué en ville, ici, il est bien évidemment inexistant.

    Dans le bâteau, il y a les gens qui vont jusqu'à Iquitos, ceux qui descendent en cours de route en utilisant le bateau de secours et ceux qui comme nous, continuent. Une bonne partie va au Brésil et quelques uns vont remonter le Napo. À priori, nous sommes les seuls à le remonter jusqu'en Équateur. En ce qui concerne l'heure d'arrivée, personne ne sait rien et finalement, c'est nous, avec l'application de cartographie, qui avont les meilleurs estimations. Quand certains, le vendredi matin, nous annoncent une arrivée l'après-midi même, je doute que cela arrive. Nous naviguons grâce au courant en notre faveur à presque 20km/h, mais il reste plus de 250km à vol d'oiseau, quelques villages où s'arrêter et les courbes de l'Amazone augmentent considérablement la distance. Je table plutôt sur 23h/minuit dans le meilleur des cas. C'est sans compter que le capitaine va passer au ralenti histoire de ne pas arriver trop tôt au port et devoir payer plus cher les "dockers" de nuit. Les dockers travaillent à l'ancienne, portant jusqu'à 120kg sur le dos, pieds nus, avec une maigre frontale éclairant à 1m. Pour sortir du bateau, pas de quai, mais une planche en bois qui mène directement à la berge boueuse et glissante.
    C'est un vrai travail physique, bestial si j'ose dire. Peu de vieillards et beaucoup de jeunes. Combien sont cassés en quelques années ?
    Nous arrivons à Iquitos vers 3h30 du matin mais presqu'aucun passager ne sort. Nous attendrons tous le lever du soleil.

    Pedro Ruiz - Coca

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    Un peu avant 6h, nous récupérons les vélos et passons le parcours du combattant, premièrement pour s'avancer jusqu'à la planche de sortie en enjambant les bananes et finalement passer l'épreuve de la planche sans tomber dans l'eau.

    Pedro Ruiz - Coca

    Où est Charlie mon vélo ? 

    Ouaiiiis ! Reussi !! Ah.... Zut. La pluie des derniers jours a transformé la berge en argile. Ça va sérieusement nous compliquer la remontée. On fera un vélo à la fois en faisant du patinage presqu'artistique. Tout crado et vélos chargés de boue, nous nous dirigeons vers le centre.

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    Il nous faut des sous et connaître les horaires du bateau Iquitos-Pantoja, à la frontière avec l'Equateur. D'après les blogs, il y a 2 possibilités. Le bateau lent en 8 jours, qui sort 2 fois par mois et le bateau rapide qui ne met que 2 jours et dont on ne sait rien de plus. Après avoir été balladé de port en port, nous revenons au premier où l'on nous donne une carte de visite de l'agence Transvichu. Après encore une bonne demi heure de parcours à vélo, nous trouvons l'agence. Par chance, il y a un départ le lendemain à 7h pétante. Le parcours se fera de jour uniquement et nous aurons un logement le dimanche soir. En attendant le lendemain, nous trouvons un hôtel pour prendre une douche d'eau claire, faire une lessive et avoir une vraie nuit de sommeil.
    Iquitos est une ville de mototaxi. Peu d'intérêt d'avoir une voiture quand la seule route ne va qu'à 100km de là à Nauta et se heurte alors au fleuve. La ville grouille. D'habitude, ça nous plait mais la pluie a tout rendu boueux et sale. La rue du marché, vide à cette heure, est tout simplement digne du moyen âge. Le sang des stands de boucherie au sol est mêlé à la boue, ça pue et nous sommes en sandales comme tous les jours depuis qu'il fait chaud et que l'on s'habille léger. Devant nous, un monsieur récupère tout le plastique qu'il peut. Il marche pieds nus et je me dis que décidément, nous devons avoir des systèmes immunitaires différents. On trouvera tout de même un bon bouiboui. 

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    Le lendemain, l'accès au port est un escalier en bois très pentu et les abords de la rivière n'invite vraiment pas à la baignade.

    Pedro Ruiz - Coca

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    On va devoir faire très attention avec les vélos chargés. Pour celui de Raquel, ça va encore, mais pour le mien si haut et lourd, il nous faudra l'aide d'un passant pour le retenir.
    Le trajet commence par 40 minutes jusqu'à Mazan. Là, il y a un raccourci par la terre pour s'éviter une bonne cinquantaine de kms de rivière. Nous sommes avertis que nous n'avons qu'une heure pour aller de l'autre côté. Bon, ce n'est qu'à 4kms, ça va le faire. La route est une mini piste goudronnée largeur mototaxi.

    Pedro Ruiz - Coca

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    C'est rigolo quand on y pense, 4kms de goudron dans la jungle. Arrivés au port du Napo, on patiente en parlant avec un retraité Québécois qui profite de sa retraite de mécanicien pour faire du bénévolat dans les communautés. Il sort de 1 mois et demi de dingue... On retrouve des passagers du bateau lent. Eux, continuent en lent.

    Pedro Ruiz - Coca

    Cette fois, nos vélos sont chargés sur le toit du bateau, avec les bagages "soutes". Le tout est bien emballé dans une bâche plastique. L'embarcation est conçue pour transporter une trentaine de passagers. C'est une conception artisanale en fibre de verre et en guise de carroserie, une bâche.

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    Notre bâteau est équipé de deux moteurs 90cv mais l'un d'entre eux tombe régulièrement en panne sur les passages au ralenti. Des ralentis, il y en a car les fortes pluies des semaines passées ont gonflé la rivière qui se décharge désormais de troncs d'arbres qu'il nous faut éviter. Combiné à l'absence de phares et à la petite taille de notre embarcation, cela explique pourquoi l'on ne peut pas continuer de nuit. Le précédent ferry, lui, n'était pas gèné grâce à sa coque d'acier et l'on pouvait entendre parfois les arbres nous heurter sans plus de conséquences. Sur le Napo aussi, la vie est bien ancrée et l'on apercoit plein de villages ou hameaux et pas mal de trafic naval. 

    Pedro Ruiz - Coca

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    Le bois, une des richesses de l'Amazone

    Notre bateau s'arrêtera plusieurs fois décharger des passagers dont on ne peut qu'imaginer la vie. On a parlé avec certains d'entre eux. Ils sont employés, de la classe moyenne, et en mesure de se payer le prix du bateau rapide (2 fois le prix du lent et environ 60e). Certains sont professeurs et, une fois par mois, vont à Iquitos voir la famille ou faire les courses. Le río Napo est plus difficile d'accès que la partie est, direction le Brésil. Mon voisin, lui, est réparateur d'antenne de télécommunications et va à Pantoja pour la première fois. Il a toute la province à gérer.
    Dans un des villages, on découvre un hydravion et un attroupement regarde attentivement. Une femme en fauteuil roulant s'apprête à y être transportée. Aussi loin de la ville, il n'y a que des postes médicaux de base dans les villages et pour les vraies urgences c'est l'avion ou le bateau ambulance. 

    Pedro Ruiz - Coca

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    Dans cette région de Loreto, le taux de natalité est de 5 enfants par femme et ils sont nombreux à jouer dans chaque village.

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    Les professeurs, affectés au hasard chaque année, nous parlent d'une quarantaine d'enfants par classe. Nous sommes chaque fois épatés de trouver une école avec son stade multisport au milieu des cabanes en bois. Pas de bus scolaire mais un bateau scolaire. 

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    La rivière sert à tout, de la baignade à la pêche en passant par la douche, la lessive ou tout simplement pour l'eau de cuisson. Malheureusement, elle sert aussi de poubelle, ce que les professeurs nous expliquent comme une suite de la culture de la jungle où le déchet non biodégradable n'existait pas. On nous parle aussi qu'ici, les jeunes sont très précoces. Pas de poupée barbie, chaque jeune fille s'occupe du dernier né de la famille et parfois dès 12 ans, de son premier bébé. Les jeunes sont autrement plus débrouillards que chez nous et savent déjà s'assumer pleinement à cette âge.

    Nous faisons 30 minutes de pause à Santa Clotilde, dernière "ville" où ce qu'on le prend initialement pour un chemin cilenté est aussi la route des derniers mototaxis de la jungle. 

    Pedro Ruiz - Coca

    La police de la jungle et son panier à salade 

    Après une journée entière de navigation, le jour baisse, nous offrant un magnifique coucher de soleil.

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

     

    Enfin, nous arrivons à San Rafael où nous attend notre hébergement. Il apparaît comme un hameau sur la carte et c'est bien ce que c'est. 

    Bizarrement, alors que le calme et l'ordre régnait dans la queue pour la cantine sur le ferry et la classe populaire, ici, nos dix derniers passagers de classe moyenne se bousculent pour obtenir la clé d'une chambre. À priori, ceux qui comme nous ne sont pas prêt à en découdre viennent ici pour la première fois. En fait, il y a les vieux et les nouveaux logements. On aura évidemment un vieux qui est en plus avec un degré d'hygiène au dessous de nos attentes pourtant bien assouplies depuis dix mois. Évidemment, c'est la jungle, tout est humide, les toiles d'araignée et les insectes coincés dedans sont bien au plafond, mais le plafond est à 1m85... Nico servira de balaie. La moustiquaire des fenêtres doit bloquer les oiseaux mais pas un moustique. On retrouve le seau d'eau en guise de chasse d'eau. Comme souvent, il n'y a pas de siège de wc, mais ce qui nous gêne vraiment c'est qu'en guise de drap, on a un plaid polaire. Plaid polaire qui probablement n'a jamais été lavé ni même secoué au vu du nombres de crottes de souris. Ça ne s'annonce pas comme une très bonne nuit. On sort du taudis pour faire un tour du hameau et dîner. On se rend compte que les locaux vivent dans des logements encore plus somaires. Une maison surélevée contre les insectes et animaux rampants, un toit pour la pluie, quatre façades de planches dans lesquelles on a fait des trous en guise de fenêtre ou, comme dans la plupart des maisons, juste trois murs, laissant tout voir de la vie familiale à l'intérieur. Pas de moustiquaires non plus, les jeunes enfants sont couverts de piqûres puis le corps s'adapte et ils ne sentent plus rien. Du coup, le confort tout relatif du ferry lent, nous fait comprendre que pour eux, les 3 repas par jour et l'eau courante dans le wc/douche étaient déjà une avancée. Alors qu'on bouibouite l'éternel poulet-riz-patate, un jeune nous demande si l'on veut voir un animal très rare avec un nom bizarre  et revient cinq min plus tard avec un bébé loutre de 3 mois. Elle est élevée ici comme animal de compagnie.

    Pedro Ruiz - Coca

    Le jeune veut nous la vendre mais on lui explique que les touristes ne pourront jamais ramener un animal sauvage en avion. La loutre suit son maître comme un petit chien. Sa peau est douce et ça serait très mignon si cette petite n'avait été arrachée à sa mère. Leur besoin urgent de chercher des moyens économiques ne laisse pas la place à des discussions environnementales. 

    Nous retournons à notre geôle et sans quitter le moindre habit ni les chaussures, nous allongeons à deux dont le lit une place le moins couvert de crotte (on secouera le plaid).
    Nico s'allonge sur le dos avec son kit nuit (boules quies et masque de nuit). Raquel, choisit d'ajouter une couche de protection sur le lit et fait un drap avec les feuilles du journal. Purée ! Mais pourquoi a t'on mis la tente dans les bagages soutes.... Elle éteint la lumière (oui, y a du courant entre 18h et 23h), s'allonge mais 30s plus tard, un bruit aigu et caractéristique vient troubler sa tranquillité déjà bien mise à l'épreuve. Ce sont les moustiques qui viennent dîner. Ils paieront un lourd tribu avec dix morts contre quelques piqûres sur les forces de l'ordre. Raquel qui ne peut s'endormir se lève pour chercher l'anti-moustique dans sa sacoche. À la lumière de la frontale, elle voit s'échapper un gros rat qui escalade le mur pour s'échapper par un trou dans le toit. Elle passera une bien mauvaise nuit, heureusement courte, car le bateau repart à 5h.
    Tout le monde est là, même le gérant du "trou à rat/hôtel" qui en pyjama est venu jusqu'au bateau car l'occupant de la chambre 3 est parti avec le plaid. Dans un premier temps, personne ne se souvient avoir eu la chambre 3. Le capitaine demande alors à une mère de famille accompagnée de son nourrison et de sa fille si c'est sa chambre. Ah, oui, mais il n'y avait pas de plaid sur le lit. Le proprio baisse les bras et nous repartons à l'heure dite. Moi, je n'ai rien dit, mais je pense que le nourrisson était emmitouflé dans le plaid.
    Le bateau est presque vide et l'on peut maintenant s'allonger et dormir jusqu'à la pause du petit déjeuner à 9h30.

    Pedro Ruiz - Coca

    Là, on s'arrête près d'une maison sur pilotis restaurant où de nombreuses personnes déjeunent déjà. Le petit déjeuner péruvien est un repas normal et je choisis un lomo saltado del monte quand Raquel prend un poisson à la olla. Lomo saltado del monte? C'est quoi comme viande ? On aura pas la réponse mais encore une pauvre bête de la jungle...
    Retour sur notre embarcation pour encore cinq heures agrémentées d'orages, avant d'arriver à Pantoja où reigne une ambiance festive. Tout le monde est au port, le bateau lent est arrivé hier. Il fait aussi office de supermarché. 

    Pedro Ruiz - Coca

    Serait-ce la raison de cette liesse ? Non, aujourd'hui l'hydravion del pago est arrivé. Il vient trois fois par an, apporter une aide financière supplémentaire aux populations les plus pauvres. Aide, qui de ce qu'on a pu voir, se transforme instantanément en bouteille de bière. Nous, on se concentre sur notre traversée vers l'Equateur. On commence par trouver un bateau qui accepte de nous prendre avec les vélos. Reste à aller faire les papiers de sortie du territoire. Le bureau d'immigration est fermé mais bon, on frappe à la porte. Un type en short ouvre et nous dit que pas de chance, faute de soleil, il n'a plus d'énergie pour alimenter les ordis. Il nous faut attendre 18h et donc la nuit pour que le groupe électrogène du village prenne le relais. Pfiiuuu. C'est possible le bateau de nuit ? Oui, mais c'est plus cher car plus dangereux... Combien ? 20 soles de plus (5e). Bon, ok !

    En attendant, nous restons près du port où les enfants jouent.

    Pedro Ruiz - Coca

    À 18h30 nous embarquons mais cette fois le gilet est obligatoire.

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    On a pas trop réfléchi à ce que ça voulait dire, navigation de nuit dans la jungle, sur une barque sans lumière sur l'Amazone qui charrie des troncs et le tout sur une frontière. C'est risqué? Plus que le jour, nous répond le pilote. Ce qui est rassurant, c'est que sa femme et son jeune garçon sont du voyage. Ils profitent de notre trajet pour visiter des amis en Équateur.
    Moins d'une minute après notre départ, le moteur s'arrête. On dérive quelques secondes et l'on repart. Nouvelle panne 500m plus loin. Cette fois, le pilote s'affaire un peu plus longtemps mais réglera le problème pour de bon. Maintenant, c'est une lumière, agitée depuis le bord qui nous fait signe de venir vers elle. Un militaire demande où l'on va à cette heure ci. En Équateur... Il demande au chauffeur et à sa famille s'ils ont prévu de revenir le soir même et à la réponse négative, nous laisse partir sous réserve d'être très prudent.
    Les lumières de Pantoja disparaissent et la nuit découpe la silhouette de la forêt tout autour de nous. Au dessus d'elle, mais heureusement derrière nous, un puissant orage illumine les cumulo nimbus sur plusieurs kms. Des points lumineux fugaces apparaissent au dessus de nous ou dans les arbres. Qu'est ce donc ? Des gouttes d'eau éclairées par l'orage ? Non, ce sont des lucioles. Le spectacle est magnifique, d'autant que devant nous, le ciel est découvert, nous permettant d'observer les astres et même voir deux étoiles filantes.
    Ça y est, l'Equateur ! Nous passons près du Río Yasuni qui a donné son nom au Parc National du même nom, réputé pour son incroyable biodiversité. Des peuples indigènes ont choisi d'y vivre en isolement complet et ce territoire est ce qui ressemble le plus à un territoire vierge de l'action humaine moderne. 

    Encore une trentaine de minutes et nous voilà à Nuevo Roquafuerte. Ici, contrairement à ce que son nom semble indiqué, pas de fromage bleu affiné dans des caves mais un retour à la civilisation impressionnant. Une promenade côtière de 1km éclairée et chaque 100m, un ponton. Des jeux pour enfants, des bancs, des wcs publics, des poubelles et des invitations au tri des déchets et surtout à ne rien jeter dans la rivière. Incroyable de propreté.... On décharge les vélos et nous séparons de la famille péruvienne pour aller à l'hôtel. Ici, draps propres, douche limpide, wifi et même siège de wc. On dormira comme des bébés. Le bateau pour Coca part à 6h et nous avons deux options. Le lent et le rapide. Le rapide coûtant le double pour la moitié de la durée, nous choisissons le lent. Il avance aussi vite que le rapide péruvien, mais il lui faudra  8h pour nous amener jusqu'à la ville d'où Francisco de Orellana fit la première descente documentée de l'Amazone.

    Pedro Ruiz - Coca

     

    Ce matin, la brume nous accompagne 

    Pedro Ruiz - Coca

    Croisière haut de gamme vers Yasuni. 

    Ça y est ! Après huit jours de trajet, nous avons relié Pucallpa à Coca en passant par Iquitos et nous en finissons avec le Pérou et cette expérience fluviale. On en finit avec le riz/poulet/féculents pour nous délecter avec les plats typiques de la côte équatorienne, comme l'encocado de camarones ou les encebollados.

    Nous irons au zoo de Coca découvrir les animaux que nous n'avons pas vu dans la jungle (paresseux, tapirs et félins).

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

    Pedro Ruiz - Coca

     

    Si, si! Y a un paresseux dans cette photo

    Ce zoo est un rescue center pour les animaux blessés ou inadaptés à la vie sauvage.

    Pedro Ruiz - Coca

    Nico sans le look naufragé. 


    4 commentaires
  • Ce matin du 14 octobre, nous avons l'impression d'être un jour de fête nationale. Hier, tard dans la soirée, sous la pression des peuples indigènes, le gouvernement a acté la remise en place des subventions sur les combustibles. Après 12 jours d'une paralysie totale, c'est la joie et le soulagement qui se lisent sur les visages. Nos hôtes, tout particulièrement.

    San Pablo - Pedro Ruiz

    San Pablo - Pedro Ruiz

    Enfin ! Le camion collecteur de lait va pouvoir passer. Le ciel, lui aussi est de la fête et ce matin, il n'y a pas un nuage. Juan nous propose de nous amener voir le Chimborazo en voiture à quelques kms. Les barrages de pierre, terre, pneus et arbres sont déjà démontés ou ne gêne plus la circulation. Dès l'annonce de la fin du paro, les indigènes ont commencé à libérer les axes routiers.

    San Pablo - Pedro Ruiz

    Fenêtre baissée, Juan salue tous les passants au son du "¡se acabó el paro¡.   Nous avons de la chance et nous voyons pour la première fois, le sommet de l'Equateur entièrement dégagé.

    San Pablo - Pedro Ruiz

    San Pablo - Pedro Ruiz

    Il est temps de se séparer de nos hôtes si acceuillants qui nous offriront du dulce de leche casero. La finca Castillo de altura est vraiment un lieu génial.
    Aujourd'hui, nous allons vers le sud. Oui, vers le sud. Nous souhaitons rejoindre le Pérou et parcourir le nombre de kilomètres qu'il nous manque jusqu'à Huaraz où nous avions pris un bus.
    Nous descendons donc vers la Panaméricaine. Tiens, un premier petit bouchon. Un camion de fruits et légumes est posé sur le flanc dans le fossé. A priori, il a du essayé de contourner le barrage de troncs d'arbres sans voir le trou. En tant que deux roues, on double et on passe sans encombre.
    La Panaméricaine d'Equateur ressemble à une petite nationale française. Bon revêtement et pas trop de trafic, parfait. Cela fait à peine 3kms que nous y sommes et voilà qu'on nous fait signe depuis la station service. Surprise ! 2 cyclos comme nous. L'un d'eux, son vélo, ses saccoches usées jusqu'à la moelle, nous rappellent quelqu'un... Oui, c'est Tomas, cet Allemand un peu étrange. Il voyage en vélo depuis 2014 et lorsque l'on avait rencontré à Ushuaia, il avait un soucis mécanique qu'il voulait réparé à Sao Paulo (à 5600km)... Nous ne connaîtrons pas le nom de son acolyte. Tout juste, comprenons nous qu'il souhaite lui aissi aller au Pérou mais qu'il va vers le Nord. Les cyclos voyageurs doivent tous être un peu étranges :-) Nous apprendrons que eux non plus n'ont pas été bloqué par les barrages.
    Nous les laissons et continuons notre chemin où tout le monde est heureux, joyeux et nous salue. Une euphorie reigne aujourd'hui et ça se confirme avec les premiers convois d'indigènes de retour de Quito. Dans chaque village, une tribune où les héros racontent les aventures en Queshuespagnol devant une foule tellement nombreuse que même la route est envahie.

    San Pablo - Pedro Ruiz

    Tout le monde est là, vêtu des habits traditionnels (ici en rouge) en scandant "¡Sí se pudo!" (oui, c'était possible !!).
    On aura juste le temps de quitter la ville avant que le grand rassemblement de convois n'y arrivent. Les camions sont remplis de personnes jusqu'au toit et escortent les pickups des "héros" qui posent fièrement avec leur bouclier en bidon d'essence et le drapeau équatorien. Le tout accompagné d'une musique partisane entrainante.

    San Pablo - Pedro Ruiz

    Quinoa

    San Pablo - Pedro Ruiz

    Route presque dégagée 

    Nous arriverons à Alausi, ville départ du train de la Nariz del Diablo.

    San Pablo - Pedro Ruiz

    Dans l'hostal le mois cher de la ville, Raquel se fera piquer pour une bête inconnue pendant la nuit. En inspectant la chambre, nous ne verrons que des cafards.
    Aujourd'hui, on doit contourner la profonde vallée  qui a donné tant de difficulté à la construction de la voie ferrée.

    San Pablo - Pedro Ruiz

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    Un camion qui avait tenté de forcer un barrage 

    Ici, le fameux train monte en zig zag, un virage en marche avant, un virage en marche arrière.

    Didier, un collègue de Nico, avait pu, il y a quelques années, faire le trajet sur le toit du train. Depuis, un touriste y est mort et c'est désormais interdit. 

    De la route nous ne verrons que l'un des virages, près d'un arrêt de bus où l'on rencontre une abuelita.

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    Celle-ci se déplace difficilement et en discutant avec Nico, vient de rater son minibus et le vendeur de chips. Elle nous raconte que la grève a été terrible. Elle n'a rien eu à manger et elle a faim. C'est pourquoi elle essaie d'aller en ville pour trouver de quoi se sustenter. On profitera de la pause banane pour partager avec elle. "¡Que Dios los bendiga!".

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     Mer de nuage

    Après une journée bien casse patte, nous trouvons refuge dans un petit village. On nous propose un toit, dans l'arène de combat de coq.

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    Rigolo, c'est bien la première fois. On finit de monter la tente quand une dame parlant plus queshua qu'espagnol nous invite à dormir dans son garage. Encore mieux ! Elle descendra même un matelas et quelques couvertures. Le lendemain, elle nous préparera même le petit-déjeuner !!

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    Journée casse-pattes

    Nous sommes assez marqués par les étapes précédentes et nous choisissons de nous arrêter à Cañar, une ville toute en pente.

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    Malgré la fin du paro, les rayons de produits frais sont bien vides. Heureusement que l'on trouve toujours nos bananes Landrivon (bien mûres avec des tâches noires).  Ce soir là, nous dînerons dans un restaurant de grillades sans hottes d'aspiration. Huumm ! Qu'on sent bon à la sortie !
    Petite nuit en raison de deux couples venus vérifier la résistance de la literie dans les chambres voisines. Les boules quies de Nico lui seront bien utiles.
    Au Pérou, la haute fréquentation des "loves hotels" était liée à la cohabitation multigénérationnelle dans un habitat réduit. L'intimité était donc limitée. Peut être est ce pareil en Équateur ?
    Ce matin, on attaque dans le dur avec 10kms de montée. Surprise ! On y croise un cyclo.
    Il s'agit de Sam, un tourdumondiste anglais parti il y a 2 ans et demi (pedalingtheglobe.com). Lui, a eu des soucis avec le paro. Peut-être est-ce parce qu'il ne parle pas trop espagnol, mais côté jungle, il s'est fait crever les pneus et tailler une saccoche à la machette.
    Ça y est, le sommet de la côte et une longue descente vers Cuenca où l'on passera 2 nuits.
    La ville est magnifique, l'architecture lui a permis de figurer au patrimoine culturel de l'humanité.

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    Nous reprenons la route et croisons un cyclo espagnol de Galice parti il y a 4 jours de Loja. Il nous raconte qu'il a souffert des ascensions et de l'altitude. Humm, ça promet....

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    On sentira passer les côtes mais heureusement, nous sommes désormais complètement acclimatés.

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    Drôle de plante derrière Raquel 

    Toutefois, la cordillère équatorienne est beaucoup plus humide. Dans la journée, on scrute les nuages chargés de pluie et à la nuit tombante, le brouillard nous oblige à sortir la frontale pour être plus visible.

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    Ce soir, nous dormirons dans un spot ioverlander. Ici, une station service dotée d'une douche chaude pour Raquel et froide pour Nico...
    On vous avoue que même froide, la douche est bienvenue tant on aura transpiré. Le responsable de la station nous laissera même nous installer dans un bâtiment en construction pour bénéficier d'un toit.

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    Aujourd'hui, de nouveau, séance pour les jambes et même si l'on commence par 26 kilomètres de descente, il nous en reste 46 de montée jusqu'à Saraguro.

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    Petite famille équatorienne voyageuse

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    En lisant un blog, nous apprenons qu'il est possible de suivre la rivière par une piste qui nous amènera jusqu'à Loja. Cette piste est magnifique et quelque peu boueuse. La pluie des derniers jours a provoqué quelques glissements de terrain dont un qui a enlisé un bus à seulement 500 mètres du départ.

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    Qu'est-ce qu'on fait ? On continue ?
    Il y a juste de quoi passer avec le vélo, en prenant garde de ne pas glisser dans la rivière.
    A notre surprise, au fur au mesure qu'on avance, on retrouve des hameaux, des petits fermes et même une ligne de bus qui rejoint tous ces petits villages.

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    Les étales de fruits et légumes sont remplis (en direct du producteur) et nous achèteront des mangues à prix défiant toute concurrence.
    Enfin, voilà Loja. Cette ville a une connotation toute particulière pour Raquel, car c'est ici il y a 3 ans qu'avait eu lieu le raid la Saharienne où elles avaient participé avec Laurence, Patricia et Sandrine. Que de bons souvenirs !

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    À Loja, nous décidons qu'il est urgent de changer le pneu arrière de Nico.

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    Trouver 29x2.10 n'est pas facile. Par chance, dans la seconde boutique, travaille Edgardo, un vénézuélien, cyclotouriste à ses heures. Il a parcouru durant un an et avec 12 autres copains, l'Amérique du Sud. Du coup, nos problèmes, il les connaît bien. Je me plains d'un léger voile dans ma roue changée en Argentine. Ahhhh, mais elle est cassée ! Zut, donc, un pneu, une roue. Edgardo continue son checkup. La chaîne est morte, les plaquettes sont cuites, le roulement arrière est à changer. La chaîne de Raquel aussi. On lui fait remarquer que les chaînes ont été acheté à La Paz mais ne sont utilisées que depuis 850 kilomètres. Et bien, ce sont des contrefaçons... Quand je pense au mal qu'on s'est donné pour trouver les chaines.... Quand à mes plaquettes changées elles aussi il y a 850 km, je suis trop lourd... Le vélo chargé pèse entre 45 et 50 kg, auxquels s'ajoutent mes 85kg. Dans les pourcentages Equatoriens, ça chauffe vite et donc s'use encore plus vite.
    On va passer la matinée à prendre un cours de mécanique en même temps qu'il répare les vélos. Au final, il ne nous fera pas payer la main d'œuvre. Merci Edgardo !!

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    Il est 13h et on faim. Avant de quitter Loja, nous passons par les bouibouis restaurants du marché. On pose nos vélos à côté de nous et nous installons à la table commune. En face, un couple d'étudiants en architecture nous questionne. D'où venez vous ? Ou allez vous ? Etc... Nous apprenons que la soeur de l'un d'entre eux voyage elle aussi en vélo direction le sud. On affinant nos questions, on se rend compte que l'on a connu son vélo à l'île Cactus au Salar de Uyuni quand sa soeur avait prêté son vélo à un copain de passage. Elle, nous ne l'avons pas vu, mais une cyclotouriste voyageant par la jungle en compagnie d'une autre cyclo allemande, ça limite le champs des possibilités. Le cyclomonde est petit !
    C'est sous la pluie mais pour une toute petite étape que nous repartons direction la ville de Vilcabamba.

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    Nous sommes dans le pays du café, du chocolat et des plantations biologiques. Attirant de nombreux hippies dans les années 70 ainsi que les étrangers cherchant la jeunesse éternelle, Vilcabamba est connue comme la vallée des centenaires (et en bonne santé).

    En discutant avec le gérant de la pension de famille, celui ci nous dit : "S'il pleut ici, de l'autre côté de la montagne, ça sera le déluge. C'est comme une mini cordillère. Ça grimpe fort et longtemps, prenez un bus !".
    Pffiu ! On n'est pas en sucre !
    Le lendemain, il pleut.... Et même très fort. En même temps, ça monte tout autant qu'il pleut. La montagne est marquée par les glissements de terrain. On trouve de nombreuses pierres au milieu de la route et l'on surveille une éventuelle chute.

    L'avantage de la montée, c'est que même sous la pluie battante et à 2800m, tu n'as pas froid. Dans la descente de 1100m de dénivelé en 12km, c'est un autre son de cloche.

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    On arrive congelé à Valladolid où une douche bien froide nous attend !! En Amazonie, la douche chaude n'est pas très courante et ce site ne fait pas exception.

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    C'est toujours étonnant pour nous de voir comment ses lieux qu'on l'on juge comme éloignés de la civilisation sont en fait tant peuplés. Au bord de la route, de nombreuses petites maisons, certes de bois et de tôle, mais les gens y vivent et y cultivent ananas, papayes, bananes, mangues pour les vendre au marché ou directement en bord de route.

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    Quelques kilomètres avant Zumba, ça en est finit avec le goudron. Désormais ça sera de la piste de terre jusqu'à la frontière.

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    Nous arrivons à Zumba où justement débutent les fêtes de la ville pour 3 jours.

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    Nous y trouvons une boutique de couches/laverie qui nous donne rendez-vous pour récupérer le linge le lendemain à 9h.
    Aujourd'hui, on repasse au Pérou. Nous sommes prêts à partir au plus tôt pour éviter les averses. Il nous faut toutefois préalablement récupérer le linge. J'y suis dès 8h45, plein d'espoir qu'il sera déjà prêt. Boutique fermée... J'y reviens à 9h, puis 9h15 et ainsi de suite jusqu'à 10h où la gérante daigne enfin ouvrir son établissement. Ça y est, on peut partir, en plein pendant l'averse et couvert de la tête au pied. Pendant la descente, c'est génial mais voilà une première montée et l'on se transforme rapidement en papillottes vapeur. La cuisson à l'étouffée ne nous convenant guère, on choisit d'être mouillé par la pluie plutôt que par notre sueur.

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    La piste est boueuse et encrasse la mécanique du vélo. La chaîne de Raquel ne se décolle plus du plateau et s'auto coince. On arrivera à nettoyer un peu, lui permettant de continuer sur la Poderosa.
    En chemin, on croise quelques bus chargés de passagers jusqu'au toit. Tous s'en vont à la fête de Zumba.

    Dans la montée de la mort du jour, ils laisseront la priorité à Nico qui essoufflé, aura toute la peine du monde à les remercier. 

    Enfin ! La dernière descente d'Equateur.
    Raquel descend sans encombre tandis que Nico ne peut déjà plus freiner son vélo. Les plaquettes sont cuites en 250km. Du coup, dans les parties les plus pentues, il marche à côté.
    Nous voilà au pont international de la Balsa et passage frontière. Chose rare mais appréciable, on se boira une bière à midi pour fêter le changement de pays.

    Formalités équatoriennes passées, nous traversons au Pérou. Devant nous, un couple de colombiens en mode sac à dos/artistes de rue et un motard que j'estime allemand.
    Aucun d'eux ne sera autorisé à quitter le territoire. Les colombiens ont dépassé de 5 mois la durée du visa touristique et doivent s'affranchir d'une amende de 600 soles chacun (~1€/jour de dépassement). Le motard, lui, malgré un passage chez le notaire lors de l'achat de la moto, n'a pas les papiers en règle. Officiellement, la moto est toujours au nom de l'ancien propriétaire.
    Nous passons sans encombre et mangeons une glace pour fêter une nouvelle fois le changement de pays et le retour au goudron.

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    Nous nous arrêtons au premier village et faisons un nettoyage des vélos qui décidément en ont bien besoin. Nous sommes vite entourés par tous les enfants du village qui nous posent plein de questions. Certains connaissent la France et même la tour Eiffel vue dans les dessins animés.
    Ce matin, nous avons une belle bute à grimper pour atteindre San Ignacio. On se rappelera les paroles de l'hôtelier de Zumba qui nous disait qu'on y arriverait le jour même. Encore un qui n'a pas essayé la route en vélo. 42 kms et 1200D+ plus tard, nous voilà à la ville grouillante et bruyante, typique de ce que l'on avait déjà connu au Pérou. On se réfugie d'une averse en déjeunant dans un bouiboui. C'est mon anniversaire, c'est la fête ! L'après-midi, nous redescendons quasiment l'intégralité du dénivelé du matin en longeant des champs d'ananas et bientôt des rizières ! Ça alors... On se croirait en Asie !

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    Notre route longe la rivière en crue en raison des fortes pluies. La couleur et volume d'eau sont impressionnants. À Puerto Ciruelo, petit hameau, nous cherchons un spot ioverlander que nous ne trouverons jamais. Alors que nous faisons demi tour, un restaurateur nous fait signe.

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    Je lui dis que l'on cherche un endroit où monter la tente et si possible à l'abri de la pluie. Nous sommes cordialement invités à nous installer sous le porche de la cour du restaurant.

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    A peine arrivés, son épouse nous offre une assiette pleine de bananes. Lui, nous fera une petite visite du village et du bord de rivière.

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    Nous fêtons l'anniversaire de Nico avec nos hôtes en buvant des bières tandis que les moustiques ou zancudos dînent français et espagnol.

    Bonne surprise pour le lendemain, Jaen est beaucoup plus proche que prévu !
    Nous partons assez tôt pour éviter pluie et chaleur.

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    En chemin, nous rencontrons Milton, un cycliste local qui fait son entraînement du dimanche. Il nous conseille vivement le parcours de l'oriente (jungle) pour les prochains jours.
    Il fait une chaleur terrible et nous déjeunons à l'ombre de la maison d'une abuelita.
    Aujourd'hui à Jaen, c'est la foire internationale du café. Ça aurait été celle du cacao, on se serait sûrement arrêté :-) On retrouve le trafic routier essentiellement constitué de moto taxis assez nerveux. L'un deux, tournant sans me regarder, me fait peur et je termine sautillant par dessus mon vélo dans le caniveau.
    Le soir, nous réfléchissons avec Raquel sur le parcours de la jungle. C'est vrai que ces paysages nous enchantent et la température encore plus. C'est maintenant le début de la saison des pluies et la cordillère, que nous avons connue fraîche mais sèche, est désormais tout autant pluvieuse que l'oriente. À choisir entre trempés de pluie au froid ou au chaud, notre choix est fait.
    Après une petite ascension, nous attaquons une longue descente où nous bifurquons pour l'Amazone. Sur la route, nous rencontrons quelques serpents écrasés.

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    Certains sont assez gros. Les pluies des derniers jours font aussi sortir de gros mille-pattes rouges qui arpentent le goudron. Selon les locaux, ils auraient des vertus cicatrisantes grâce à l'iode qu'ils contiennent. En attendant, leurs vertus ne les protègent pas des voitures et c'est un carnage sur la route. Nous essayons de ne pas rouler dessus mais parfois scraaatch, y en a un qui se suicide sous nos pneus. Beurk !

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    Le soir, après avoir traversé de superbes paysages de rizières mêlées aux cocotiers, nous arrivons à Puerto Ciruelo.

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    Malheureusement, il n'y a pas de logement. Nous rentrons donc dans l'école où après un appel au directeur, nous serons autorisés à camper et utiliser les installations.

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    La seule condition sera que nous ayons quitté l'établissement avant 6h30. Les enfants, très curieux, viendront nous observer monter le campement et nous faire un interrogatoire en règle.

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    A 5h30, le réveil sonne, nous plions et chargeons tout. Nico répare la chambre à air crevée la veille quelques kms avant d'arriver. Une fois celle ci réparée et rangée, nous nous dirigeons vers la sortie de l'école. M*rde, le pneu avant aussi a crevé. Allez, c'est reparti pour une réparation.
    Cette fois, c'est bon ! Nous quittons le collège direction la rivière où nous prenons le petit déjeuner sur ce qu'il reste de la plage, pendant qu'un homme fait sa lessive.

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    Il s'agit du monsieur Loyal du cirque voisin. On discutera quelques minutes avec eux et en présentant son jeune clown, Mr Loyal dira "él viene de Tarapoto y, por eso, tiene cara de coco". Ça fera rire Raquel, mais pas du tout le jeune clown. Sur ces bonnes paroles, nous continuons.
    On suit toujours notre rivière bien en crue.

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    Un rêve de kayakiste. David s'y régalerait !

    San Pablo - Pedro Ruiz

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    En regardant la carte et après confirmation des gens du cirque, on peut s'épargner 2h d'ascension en suivant une piste près de la rivière.
    Arrivés au croisement, il y a des camions chargés de pierre qui en rentrent et sortent. Certains chauffeurs nous disent que c'est sans issue.
    Nous ignorons copieusement ces informations et attaquons une belle montée dans la boue. De nouveau, les chauffeurs nous avertissent. Rien à faire, on continue pour arriver devant un panneau interdisant le passage. A gauche, dans les arbres, une petite piste. BINGO ! Et nous voilà descendant un chemin. Quelques centaines de mètres plus tard, nous comprenons le problème... Il n'y a plus de chemin, emporté par un cours d'eau. Pour nous, cyclos, ça passe à pied et un peu sportif, mais ça passe.

    Nous sommes à nouveau sur la route mais la mécanique est pleine de boue. La chaîne de Nico fait elle aussi un tour dans le plateau. Il faut nettoyer.

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    C'est une dame vendant des bananes en bord de route qui nous permettra d'utiliser un robinet et ainsi faire un nettoyage de fortune.
    Il ne nous reste que quelques kilomètres avant d'arriver à un nouveau choix. La cordillère ou la jungle. Cette fois, si nous choisissons la jungle, nous souhaitons aller jusqu'à Pucalpa à 1000km et y prendre un bateau pour Iquitos. De là, nous ferons une traversée de frontière par le fleuve Amazone afin d'arriver à Coca en Équateur.
    N'ayant toujours pas décidé, nous nous arrêtons à Pedro Ruiz au croisement des chemins pour prendre un peu de repos.
    Hier, nous pensions nous reposer en faisant la rando de la catarata de Gocta. Gocta, avant 2006 n'était qu'une chute d'eau parmi tant d'autres. L'arrivée d'un topographe allemand, lui a permi d'être classée 5ème plus haute chute du monde avec ses 771m.
    Au lieu de repos, nous avons fait 21km, 1300m de dénivelé positif et négatif mais surtout pris 2 averses diluviennes sur la tête...

    San Pablo - Pedro Ruiz

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    Raquel, ça t'embête si on prend un autre jour de repos ?
    La pluie fraîche a seulement 2300m d'altitude nous a conforté de notre choix de ne pas repasser par la cordillère. Si à 2300m il fait froid, imaginez à 4000m !


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